vendredi 2 mars 2012

BD : Flashpoint #1 (Geoff Johns, Francis Manapul, Scott Kolins)

En juillet 2011, l'éditeur DC lançait aux USA le premier numéro d'une mini-série à l'origine d'une véritable révolution dans son univers. Et c'est sa dernière partie qui va tout simplement relancer l'univers de Superman, Batman et consort, avec de nouvelles origine. Flashpoint est un évènement qui va servir de prélude au relaunch. Voyez le comme un véritable shaker qui va faire exploser le monde de DC.

Pour prendre le train en route, je vous conseille deux lectures indispensables : le mag DC Heroes #5 des éditions Panini, contenant les épisodes 1 à 6 de The Flash et le mag Flashpoint #1 de Urban Comics avec les épisodes US de The Flash 8 à 12 + Flashpoint #1.
The Flash est le "fil rouge" de cette renaissance qui trouve son origine dans la Force Véloce. Le personnage tire son pouvoir de cette dernière et c'est elle qui va changer le destin de l'univers DC. L'ensemble des titres de l'éditeur ont été relancé au n°1 et vous pourrez les découvrir très bientôt chez Urban Comics.

En attendant, faites vos devoirs en dévorant ces deux magasines, superbement illustrés par Francis Manapul qui va encore monter en qualité au fil du temps, jusqu'au relaunch du titre carrément hallucinant (à paraitre) où l'artiste montre l'étendu de son talent.

Je ne vais pas rentrer dans les détails en ce qui concerne l'histoire mais le Flashpoint #1 contient quelques pages de rédactionnel qui vous permettront de prendre le train en marche, si vous n'êtes pas familier des personnages. Attendez-vous à prendre une immense claque avec la dernière page du mag et en découvrant le 23 mars prochain la mini-série dans le Flashpoint #2 qui présentera un Batman dont l'identité en surprendra plus d'un.
L'univers DC est victime d'un véritable séisme et seul le Flash aura le pouvoir de réparer les incohérences à l'issue de cette histoire en donnant naissance au nouvelle univers, le NEW 52.

Flashpoint #1. Dans le premier récit, réalisé par Geoff Johns et Francis Manapul : Barry Allen alias Flash, l'homme le plus rapide du monde est confronté aux conséquences de son retour d'entre les morts.
Mais il n'est pas le seul revenant : son ennemi juré, Néga-Flash, va se charger de modifier le cours de l'histoire.
Dans l'épisode suivant, Geoff Johns et Andy Kubert nous présentent les désastreuses conséquences de ce duel des Flash. (contient les numéros U S Flash #8-12, Flashpoint #1.

Flashpoint #2.  Barry Allen, Flash, continue de tenter de convaincre Batman de l'aider à modifier le cours du temps et à restaurer l'ancienne continuité, alors que tout autour d'eux, le monde semble vaciller dans une guerre sans fin entre les Atlantes et les Amazones. Dans Flashpoint : Batman, Chevalier vengeur, le tandem de 100 Bullets offre une vision complètement inédite et provocante du mythe protecteur de Gotham et de son ennemi, le Joker. À ne surtout pas rater ! (contient les numéros US Flashpoint #2-3, Flashpoint Batman Knight of Vengeance # 1-3).

Flashpoint #3.  Alors que la bataille finale entre les super-héros de l'univers parallèle du Flashpoint s'annonce, Scott " American Vampire " Snyder et Gene " Top 10 " Ha retracent la vie de celui qui aurait pu devenir l'Homme d'Acier ! Le dernier numéro d'une saga qui va changer à jamais l'univers des super-héros DC Comics ! (Contient les numéros US Flashpoint # 4-5, Flashpoint Project Superman # 1-3.

Ruez sur ce #1 qui doit être depuis en ré-impression et donc à nouveau disponible en kiosque. Je vous conseille vivement de pré-commander la suite pour être certain de ne rien rater au moment des différentes sorties à venir.



Frédéric Fontès

jeudi 1 mars 2012

Le dernier contrat Olivier Maulin (La Branche)

Cinquième arrivé dans la collection Vendredi 13 des éditions de la branche, Le dernier contrat d' Olivier Maulin est disponible depuis le 09 février dernier.

Laminée par une crise économique et politique sans précédent, la France est plongée dans le chaos. Frère-la-Colère, un moine charismatique et exalté, émerge de la confusion, fédérant bientôt les rebelles de tout le pays pour renverser le pouvoir en place et hâter l'effondrement général. Prêt à tout, Frère-la-Colère engage un tueur à gages, un pro sur le retour, dépressif et alcoolique. Son contrat : assassiner le président de la République le samedi 14 juillet, pendant le défilé. L'avenir de la rébellion ne dépend plus désormais que d'un seul homme...



Frédéric Fontès

Freaky Fridays de Brigitte Aubert (La Branche)

Quatrième opus de la collection Vendredi 13 des éditions de la Branche, Freaky Fridays de Brigitte Aubert est disponible depuis le 12 janvier dernier.

Par un beau vendredi 13, Mamie Hélène, veuve depuis peu, apporte une tarte à ses voisins. Concert de détonations, corps sanguinolents, elle est témoin du massacre aussi expéditif que sophistiqué de toute une famille. Alors qu'elle tente de fuir, l'un des tueurs la surprend. C'est le début d'une traque effrénée. Pour sauver sa peau, et s'amuser un peu, Mamie Hélène n'a d'autre solution que de renouer avec son ténébreux passé... Se révèle alors une sexagénaire pas comme les autres, corrigeant les truands comme elle monte les blancs en neige : avec un solide coup de poignet et le goût du travail bien fait.



Frédéric Fontès 

lundi 20 février 2012

Chronique : Blue Jay Way de Fabrice Colin (Sonatine)


Tu as changé, me disais-je en avançant vers le nord. Ce qui s'est passé t'a détruit mais le pire, tu dois le reconnaître, aurait été que le destin t'oublie.
Blue Jay Way fait partie de ces romans dont il peut s'avérer difficile d'en évoquer la portée en quelques lignes et d'en appréhender la forme et le fond.

Avant d'aller plus loin, je vais revenir sur un point qui me gênait avec d'entamer le livre et qui ne semble pas être bien représentatif de son propos. J'ai lu il y a quelques mois le très bon premier roman d'Olivier Bonnard, Vilaine fille, qui nous plongeait dans les coulisses d'Hollywood à l'occasion d'une enquête policière. Je pensais donc que le roman de Fabrice Colin allait lui aussi jouer la carte de la visite guidée et ce n'était pas forcément ce que j'attendais de cette lecture. Même si le bandeau de l'éditeur et certains avis de lecteurs laissent à penser que Blue Jay Way est une histoire centrée sur les zones d'ombres de la ville Californienne et de ses riches habitants, c'est une erreur de le réduire à cela. Fabrice Colin s'attache longuement à donner corps à ses nombreux personnages sans jamais accorder plus d'importance au décor qu'à son casting. Il aurait pu le faire et cela aurait donné un roman totalement différent.  
Blue Jay Way évoque les pactes que certains ont signé avec leurs démons respectifs mais ce n'est pas une histoire ayant pour cadre l'enfer, même si on peut voir de ci de là quelques flammes venir ramper à la rencontre des personnages.

Difficile de se contenter de coller une étiquette à ce roman tant il navigue dans différents genres. Il peut-être tour à tour un roman aux forts accents autobiographiques, un roman noir, un thriller, un roman à suspense, un whodunit, un roman documentaire ou un roman policier. Il peut certainement prendre sa place dans le rayon littérature blanche. Mais au lieu d'évoquer ce que je ne sais pas, je vais tenter de parler de ce qui me semble être le plus évident. 

L'un des principales atouts de Blue Jay Way est le charisme qui se dégage de ses personnages et l'aisance du romancier à donner vie à son histoire. En construisant les bases de son roman autours de ses véritables acteurs, il oblige le lecteur à faire des choix semblables à ceux de son héros, Julien. Comme dans une véritable partie d'échecs, chaque acteur à un rôle, chaque personnage une place bien précise.

Et puis la mise en abyme fait son apparition. Les images de Julien et Fabrice Colin se superposent et il devient vite impossible de ne pas se demander en cours de lecture (et surtout à la fin quand un personnage propose à Julien de rentrer en contact avec un ami français, fan de polar, qui projette de fonder sa propre maison d'édition et qui possède des connexions dans le milieu du cinéma. Ceci ne vous rappel rien ?) : mais qui est le véritable conteur de l'histoire, qui pense véritablement être maitre de son destin ? D'ailleurs, le héros ne pose-t-il pas la même question, dans la dernière partie du récit ?

Je voulais parler de cette sempiternelle rengaine sur le rapport réalité/fiction au sein de son œuvre : qu'est-ce qui était vrai, qu'est-ce qui ne l'était pas, pourquoi brouiller les pistes sans cesse. [...] 
- Ce qu'il faudrait se demander, c'est ce qui sort grandi de cette confusion : la réalité ou la fiction ?

Plutôt que d'être une fable sur le côté sombre de la vie Hollywoodienne, Blue Jay Way est avant toutes choses une histoire de destins. Peut être là la seule et unique étiquette que l'on peut coller au livre, DESTINS.
Et c'est en cela que je trouve beaucoup de points communs entre ce roman et un autre du même éditeur : Seul le silence de RJ Ellory.
Les deux histoires sont difficiles à ranger dans un genre bien particulier et ils évoquent un personnage plein d'humanité mais empreint d'une grande naïveté, dont le destin n'est plus véritablement entre ses mains. Ils jouent aussi avec le point de vue du narrateur qui va raconter sa vie dans un livre, livre dont on se retrouve finalement à tourner les pages.

Pour revenir sur le destin, cela fait quelques semaines seulement que j'ai entre les mains une biographie écrite par Pierre Brevignon et consacrée à Samuel Barber. Il est, entre autres choses, l'auteur d'un morceau de musique classique devenu mythique depuis qu'il a été joué dans Elephant Man et surtout, dans Platoon. Il s'agit de l'Adagio pour cordes, qui fait officie de sonnerie de téléphone au début du roman de Fabrice Colin. Le morceau est certes très connu du côté des américains mais c'est une nouvelle l'occasion pour moi de mettre en avant les théories de la Fin des mystères de Scarlett Thomas.

C'est le premier roman de l'auteur que je lis, donc je n'ai pas le recul nécessaire pour voir les récurrences dans son œuvre et ses "fixettes". Malgré une fin qui traine un peu en longueur dans ses explications, et une évocation des attentats du 11 septembre de New York un peu trop omniprésente à mon goût, j'ai pris un immense plaisir à découvrir la plume d'un auteur qui maitrise son récit du début à la fin, dans un univers que j'affectionne particulièrement. Il me reste maintenant à franchir le seuil des autres univers qui sont les siens depuis ses débuts, ceux de la fantasy et de la science fiction.



Frédéric Fontès

samedi 18 février 2012

Chronique : Survivre à une invasion robot de Daniel H. Wilson (Orbit)

Attention, lecture indispensable !!!
Si vous êtes fans de SF et de BD, cette petite bible est faite pour vous. Dans la parfaite lignée du Guide de survie en territoire zombie de Max Brooks, ce petit livre de 160 pages, disponible dès le le 22 février, va vous permettre de Survivre à une invasion robot.
Écrit par Daniel H. Wilson (à qui l'on doit Le Pantheon des savants fous) et traduit par Patrick Imbert (qui a fait la vf des romans de Max Brooks) ce véritable couteau suisse va, par exemple, vous permettre d'affronter la maison automatisée et la voiture intelligente du roman Daemon de Daniel Suarez, le T1000 de Terminator 2, le cowboy de Mondwest ou même un Répliquant de Blade Runner.
Inventif et plein d'humour, le livre de Daniel Wilson revient sur les principales menaces robotiques qui peuvent venir perturber votre quotidien et y semer la mort. À vous de suivre à la lettre les règles édictées et envisager de revoir peut être le prochain couché de soleil...
Même si le prix peut paraitre excessif (15€50 pour 160 pages et un format 140x215), c'est un livre inutile, donc parfaitement indispensable. J'attends avec impatience le Guide de survie à une attaque de monstre (Loup-garou, vampire, monstre e.t., etc.) et Survivre à une attaque de Psychopathe. Je ne sais pas s'ils existent mais ils me tenteraient bien !



Frédéric Fontès

mardi 14 février 2012

Il était une fois, Carlo Fighetti et son avocat...

Une fois n'est pas coutume, je vais faire suivre ci-dessous une chronique signée par un confrère blogueur, en qui j'ai une confiance aveugle lorsqu'il s'agit de me donner son avis sur un livre. Là où cela devient particulièrement affligeant, c'est lorsque l'auteur d'un roman dont il a fait une chronique négative, le somme de publier un droit de réponse, par avocat interposé. Par avocat interposé ! Imaginez ce qui attend un lecteur si il a le malheur d'aller voir l'auteur dans un festival pour lui dire qu'il n'a pas aimé son livre...
Je pense que Carlo Fighetti devrait plutôt consulter un proctologue plutôt qu'un avocat, il est évident qu'il semble avoir des problèmes de transit intestinal.
Après les auteurs qui viennent insulter anonymement les lecteurs sur leur blog, voici les romanciers adeptes des menaces d'attaques judiciaires pour peau de balle, des MAJPPDB donc. Certainement pas le choix le plus judicieux du monsieur.
Donc, ci-dessous, la chronique du livre par Bookfalo Kill et son second message avec le droit de réponse. Faites vous votre propre idée en vous demandant si une telle chronique mérite l'intervention d'un avocat. Avocat qui ne doit pas bosser pour rien. Il a de la chance ce Monsieur d'avoir de l'argent à jeter par les fenêtres face  à des chroniques négatives de ses livres. À ce niveau, il a également certainement les moyens de s'en payer des positives...

Frédéric Fontès

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Signé Bookfalo Kill

Bon, ça y est, c’est officiel : je regrette Dan Brown et son Da Vinci Code.

La faute à qui ? La faute à Lacryma Christi et à son auteur, Carlo Fighetti, qui ne nous épargne rien. Voilà un thriller gloubiboulga comme on espérait ne plus en voir paraître. Hélas, les éditions Envergure, dont c’est la première publication, ont décidé d’en faire leur champion sous l’appellation aussi pompeuse qu’abusive de “roman noir”. Une tromperie sur la marchandise qui pourrait être malhonnête si elle n’était pas juste le résultat d’une méconnaissance manifeste du polar de la part de l’éditeur.

Lacryma Christi est donc un succédané de thriller à la sauce mystique. Honnêtement, je ne suis déjà pas fan à la base, mais là, c’est le pompon. Tout y est : des complots, une jeune héroïne courageuse, des mystères au Vatican, un nouveau Pape et son ambivalente âme damnée qui tire les ficelles dans l’ombre, des clefs, des symboles et des textes obscurs, des luttes ancestrales entre des groupuscules “religieux” – le tout tellement fumeux, tellement alambiqué que je vous souhaite bon courage pour vous y retrouver sans revenir en arrière toutes les trois pages.

Le pire, c’est que Fighetti est documenté – soit qu’il est connaisseur du sujet pour être “investi” dans la Franc-Maçonnerie ou tout autre mouvement de ce type, soit qu’il a mené de longues et minutieuses recherches. Mais encore faut-il savoir utiliser intelligemment le matériau dont on dispose. Ici, l’auteur rebalance tout son savoir dans des dialogues indigestes, interminables, assortis de nombreuses notes en bas de page à visée explicative, qui flinguent toute tension dramatique. C’est long, c’est flou, c’est bavard : on s’ennuie. Suspense, sens du rythme, reposez en paix, amen.

Et le pire du pire – si si, il y a encore pire -, c’est le style de Fighetti. Dixit l’éditrice, histoire de convaincre que son poulain vaut mieux que Dan Brown et consorts : “c’est très bien écrit.” Je rectifie : c’est très bien écrit. Il manque le “bien”, et c’est bien dommage. L’auteur fait des grandes phrases en pensant sûrement que c’est classe, et ainsi se démarquer des autres auteurs du genre. Hélas, ce n’est pas parce qu’on élabore des phrases complexes, dépassant le basique sujet-verbe-complément cher à trop d’auteurs de thrillers, qu’on a du style pour autant.
De style, Fighetti n’en a guère, sinon celui du coureur de fond se lançant dans un marathon chaussé de Doc Martens. Très lourd…

On atteint le summum du loufoque (involontaire) dans les dialogues, atteints du même mal. Si l’auteur s’exprime comme il fait parler ses personnages, j’adorerais le rencontrer car ce doit être un phénomène. Un petit exemple ? Avec plaisir, tant j’anticipe le fou rire qui va probablement vous secouer à la lecture de l’extrait que je vais vous proposer. (J’ai testé avec Clarice, ça marche très bien.)
Je vous replace le dialogue dans son contexte : un haut dignitaire religieux vient de manquer se faire assassiner par un exécuteur, qui a tenté de l’éliminer en lui jetant à la figure de l’acide, cachée dans un stylo, avant que les gardes du corps de la cible aient le temps de s’interposer. Le tueur rate son coup et est neutralisé, réaction immédiate du dignitaire :

“Le produit que j’ai été à deux doigts de recevoir dans la figure aurait pu m’être fatal ! Il s’agit de cyanure d’hydrogène ou plutôt de sa solution aqueuse plus connue sous le nom d’acide cyanhydrique. C’est un produit extrêmement toxique puisqu’il est capable de tuer par anoxie, soit par ingestion, soit par inhalation. Un simple contact avec la peau peut également suffire, d’autant plus que la dose nécessaire pour tuer un homme est infime. Dans ce stylo, il y en avait donc assez pour tuer dix d’entre nous. C’est un poison qui était utilisé autrefois par les services secrets des pays de l’Est. C’est son odeur d’amande amère qui m’a renseigné.” (p.146)

Bon, et puis, comme je suis sympa, je vous épargne la fin, d’un premier degré stupéfiant, hilarante à force d’être consternante. Non, sérieux, sur les mêmes sujets, il y a eu d’autres romans, excellents ceux-là ; donc, si ça vous tente, essayez plutôt Genesis de John Case ou La Peau du tambour d’Arturo Perez-Reverte, voire le Testament des siècles de Henri Loevenbruck (formidable auteur français de thrillers sur l’ésotérisme, à lire, lui !)

Lacryma Christi, de Carlo Fighetti
Editions Envergure, 2011
ISBN 978-2-9539855-0-4
301 p., 20€

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 Bonjour à tous,

J’ai critiqué en des termes peu amènes il y a quelques semaines sur ce site le roman de Carlo Fighetti, Lacryma Christi, paru aux éditions Envergure. Pour ceux que cela intéresse, c’était ici : http://cannibaleslecteurs.wordpress.com/2011/11/30/lacryma-christi-de-carlo-fighetti/

Par voie judiciaire, l’auteur a exigé un droit de réponse. Recourir à un avocat était inutile, j’aurais accueilli et publié quoi qu’il arrive son opinion – étant particulièrement conscient qu’une critique aussi rude (mais sincère) pourrait m’attirer une réaction de l’intéressé, ou de son éditrice, et que lui laisser l’espace nécessaire à sa défense serait plus que de bonne guerre.
Bref, j’ai déjà publié son droit de réponse dans les commentaires de l’article, comme il me l’était expressément demandé. Par souci d’honnêteté et de transparence, j’ai décidé de consacrer également un article entier à ce droit de réponse, histoire de lui accorder la visibilité qu’il mérite.

Le voici donc, reproduit bien entendu dans son intégralité. Je n’y ajouterai aucun commentaire et vous laisse, chers amis lecteurs, seuls juges.

Bookfalo Kill

DROIT DE REPONSE DE CARLO FIGHETTI

« Il y a ceux qui subliment leurs pulsions agressives pour les transformer en des réalisations admirables et ceux pour qui le processus semble impossible. Quel magnifique exemple vous donnez de la pulsion de mort dirigée vers l’autre : votre haine de vous-même doit être grande ! Monsieur, je vous plains. Je vous plains très sincèrement.

Difficile en effet de ne pas être frappé par ce qui ressemble à un règlement de compte, une exécution d’où dégoulinent haine et agressivité. Malheureusement, à force de vouloir trop en faire, le comportement devient éminemment suspect et on s’interroge : quels sont donc les mobiles qui vous animent ? Et pourquoi les dissimulez-vous derrière un pseudonyme ? Vos frustrations vous sont-elles insupportables ? Ne craignez-vous pas qu’un jour votre haine se retourne contre vous ? Reconnaissons qu’il est beaucoup plus facile de s’en donner à cœur joie quand on se cache ! Je crains que la « qualification » que vous vous êtes octroyée en lisant vos polars ne vous ait un peu trop monté à la tête. Permettez-moi un conseil : prenez un peu de distance, cela sera certainement bénéfique pour votre santé.

Car, à vous lire, tout est mauvais : le type de livre (vous ne l’affectionnez pas, pourquoi l’avoir lu ?), l’écriture, sans oublier le style (dont vous êtes certainement un spécialiste !). L’éditrice n’est pas épargnée non plus, même si dans une réponse sur votre blog vous semblez le regretter puisque vous écrivez, non sans humour, que vous êtes ennuyé « de tirer un peu (sic !) sur une jeune boite qui se lance ». Illustration clinique et symptomatique de la dénégation. Du haut de votre toute-puissance, vous êtes donc détenteur de la Vérité ! Il n’existe dans vos propos ni nuance, ni subtilité, tout y est rigide, violent, définitif. Pour écrire une critique honnête, il faut avoir du recul et du talent ; et de ces qualités vous n’en n’avez aucune. Votre diatribe manque de consistance, tout comme votre démonstration qui n’est que tentative. Toute critique est légitime, mais encore faut-il savoir parler du fond. Le lecteur ne peut être dupe devant tant de violence.

Venons-en à l’extrait que vous citez et dont le contenu n’avait bien sûr par échappé à ceux dont la tâche était de corriger mon travail (notamment un spécialiste anglophone du polar, universitaire de formation). Remarque préliminaire : extraire un passage et le citer hors contexte sans plus de précisions que les vôtres relève de la malhonnêteté intellectuelle et de l’intentionnalité de nuire. Une rectification aussi : vous présentez le Père Général comme un « haut dignitaire religieux ». S’il est effectivement détenteur d’un grand pouvoir, il n’est en aucune façon un haut dignitaire. « La nature de sa tâche, comme me le soulignait son sous-secrétaire quand j’étais à Rome, n’est pas de servir le pape dans des fonctions de dignité ecclésiastique ». Une précision : tous les domaines dont je parle sont des spécialités que je maîtrise ; elles sont le résultat de formations poussées (postdoctorales) et d’études sur le terrain, par conséquent très éloignées de vos élucubrations… Je ne dépenserai donc pas mon énergie à légitimer ce à quoi vous n’avez manifestement pas accès : n’aborder aucune des thématiques qui constituent la trame de mon livre en est la preuve.

Pour revenir à la tentative d’assassinat du Père Général, vous occultez nombre d’éléments. Premièrement, je vous rappelle qu’il attendait de pied ferme son assassin, tout en étant protégé. Il était donc psychologiquement prêt. Deuxièmement, ceux qui sont — officieusement — ses gardes du corps vous apprendraient que tous les Pères Généraux qui se sont succédé avaient des qualités communes : « des hommes au sang-froid exceptionnel, capables de se défendre eux-mêmes si la nécessité l’impose ». Ce qui est le cas de mon personnage. La description précise que j’en fais pages 33-34 a des implications qui ont dû vous échapper… Vous critiquez enfin les dialogues. Je ris : si vous aviez fréquenté les lieux et personnalités que je cite, vous découvririez combien votre analyse est absurde.

Mais restons-en là. Les romans que vous lisez sont sûrement très bons, mais comme tous les esprits étroits bardés de certitude, vous vous en servez comme des références : c’est là où votre démonstration s’effondre.

J’allais oublier : vous pouvez me rencontrer quand vous voulez. Je doute cependant que vous ayez le courage de sortir de votre anonymat…

Carlo Fighetti ».