lundi 2 septembre 2019

Chronique : À crier dans les ruines - Alexandra Koszelyk (Aux Forges de Vulcain)


À crier dans les ruines est le premier roman d'Alexandra Koszelyk, publié le 23 août dernier aux éditions Aux Forges de Vulcain.

J'ai été particulièrement touché à la fois par la simplicité, l'éloquence, le timbre et la musicalité de l'écriture de la romancière.

Je crois que je suis tombé sous le charme de ce récit dès la page 19, quand la narratrice évoque ainsi une pensée de Léna, l’héroïne :
« Face à elle, le réel d'une vi(ll)e à jamais engloutie. »
En refermant le livre, j'ai compris l'importance de ce mot glissé dans le récit, la vi(ll)e. À crier dans les ruines peut-être perçu comme un conte évoquant l'explosion d'une vi(ll)e et la volonté de quelques-uns de partir en quête de ces particules de bonheur disséminés. Morceaux après morceaux, reconstituer le puzzle d'une vi(ll)e.

L'aboutissement de cette quête au 53e chapitre m'a laissé particulièrement mélancolique, à la fois heureux et triste. J'ai alors eu l'impression de ressentir la dissociation de Léna, naviguant pendant une partie de sa vi(ll)e entre deux mondes, entre instants passés et présents.

Kismet. Le destin. Le roman d'Alexandra Koszelyk m'a refait penser à certaines de mes lectures coups de cœur, où les choix et les destins sont au cœur du récit. J'ai repensé à Replay de Ken Grimwood, et à la Fin des mystères de Scarlet Thomas.

Voilà, vous avez une idée des bruits et des échos qui reviennent à nos oreilles quand on se met à crier dans les ruines...

Je conclurai en utilisant une phrase du livre de Scarlet Thomas : « Maintenant, un choix s'offre à vous. »
Alors, qu'attendez-vous ?

4decouv de l'éditeur : Tchernobyl, 1986. Lena et Ivan sont deux adolescents qui s'aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C'est alors qu'un incendie, dans la centrale nucléaire, bouleverse leur destin. Les deux amoureux sont séparés. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu'Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s'éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Lena grandit dans un pays qui n'est pas le sien. Elle s'efforce d'oublier. Un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver ce qu'elle a quitté vingt ans plus tôt.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

samedi 31 août 2019

News : Seule dans l'espace - S.K. Vaughn (Bragelonne)


Seule dans l'espace Au-delà du vide (Across The Void) est le premier roman de SF de S.K.Vaughn, pseudonyme d'un scénariste américaine et auteur de thriller.

MAJ du 14/09/2019 : il s'agit de Shane Kuhn.
MAJ du 22/10/2019 : le titre est désormais Seule dans l'espace.

Il est traduit par Sylvie Denis pour les éditions Bragelonne, et sera disponible le 16 octobre prochain.

4decouv de l'éditeur : Décembre 2067.

Seule humaine vivante à bord du Hawking II, la commandante May Knox était en mission d'exploration dans l'espace lorsque la catastrophe se produit. May se réveille d'un coma artificiel au cœur d'un vaisseau vide, sans aucun souvenir de ce qui s'est passé. Les systèmes à bord tombent en panne un par un et le reste de l'équipage a disparu. 

Elle découvre alors que ce qui ressemble à un accident n'en était peut-être pas un...

May n'a plus qu'une chance de survie  : Stephen Knox, scientifique de la NASA qui dirigeait la mission depuis la Terre. Et accessoirement son ex-mari, dont elle vient de se séparer.

À présent, May s'accroche à la vie et à la voix de Stephen, qui traverse les espaces infinis pour tenter de la ramener chez elle.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

jeudi 29 août 2019

Chronique : Cari Mora - Thomas Harris (Calmann-Lévy)


Avant de commencer à rentrer dans le vif du sujet, je vais vous raconter une petite blague, okay ? Savez-vous avec quelle est la compagnie aérienne préférée de Cari Mora ?

Air Maroc.

Voilà, c'est fait.

Cari Mora est le sixième roman de Thomas Harris, après 12 ans d’absence dans les rayons des librairies. Difficile de passer à côté de cette publication traduite par Bernard Cohen pour les éditions Calmann-Lévy.

Malgré un début d'histoire à l'écriture particulièrement froide et quasi clinique se cache un redoutable roman. Ponctué d'ellipses permettant de resserrer l'intrigue et lui donner un côté incandescent, l'histoire avance à un rythme de plus en plus rapide.

Comme dans l'excellent film You're Next, l’héroïne de Thomas Harris cache bien son jeu et les malfrats qui vont vouloir l'éliminer vont vite se rendre compte de leur erreur de jugement.

Il m'aura quand même fallut bien avancer dans le livre pour définitivement comprendre que j'ai bien eu raison de poursuivre ma lecture.

Alors si dans la forme, Thomas Harris commence son roman d'une manière peu engageante, il retourne progressivement la gêne du lecteur pour le faire entrer de plein pied dans un redoutable roman à suspense.

Et il parvient à intégrer dans son histoire une poignée de "monstres" qui on parfaitement leur place dans le panthéon des psychopathes de Thomas Harris.

Si comme moi, vous avez eu des doutes sur l'intérêt de lire ce roman, j'espère que cette chronique les aura dissipé.

Bon vol !

4decouv de l'éditeur : Des lingots d’or sommeillent depuis des années sous l’ancienne villa de Pablo Escobar à Miami Beach. Gangs et malfrats se battent pour mettre la main dessus.

Aujourd’hui, c’est au tour du maléfique Hans-Peter Schneider de tenter sa chance.  Mais c’était sans prévoir la présence de la sublime Cari Mora, qui veille sur les lieux. En matière de violence et d’armes à feu, personne n’a rien à lui apprendre.


Frédéric Fontès, www.4decouv.com

samedi 24 août 2019

Chronique : Recluse, Alex Verus t.5 - Benedict Jacka (Anne Carrière)


Le cinquième opus des aventures d'Alex Verus, Recluse, est disponible depuis juin dernier aux éditions Anne Carrière. Cinq tomes déjà, que Benedict Jacka nous invite à suivre les péripéties de son devin de héros.

Et si son héros parvient si bien à toucher ses lecteurs, ce n'est pas seulement grâce à son attachant casting. C'est aussi dû au fait que le lecteur lambda a l'habitude de jouer les devins en lisant d'autres livres et en tentant de deviner les agissements de tels ou tels personnages.

Le principe de cette série est à la fois simple et original : Alex Verus se retrouve régulièrement dans des situations inextricables, même en ayant fait usage de ses dons de divinations. Et ce qui va lui permettre de survivre est plus sa gymnastique de réflexion que son super-pouvoir. Son muscle principal, c'est son cerveau, et le voir s'en servir dans de monumentaux pics de stress est particulièrement jouissif.

Alex Verus est un héros cabossé qui doit faire le tri dans les possibilités qui s'offrent à lui et prendre la meilleur décision, au moment décisif, pour le bien de tous.

Superbement traduite par Marie de Prémonville (tome 1, 4 et 5, elle a aussi chapeauté les traductions des tomes 2 et 3 de Benjamin Kuntzer et  Cyrielle Ayakatsikas), la série Alex Verus vous offre l'occasion de découvrir un monde fantastique qui trouve sa source à deux pas de chez vous.

À la manière de Jim Butcher et de ses Dossiers Dresden, Benedict Jacka déploie des trésors d'ingéniosités pour nous conter les aventures de son devin urbain si attachant.

J'ai surtout beaucoup aimé son casting féminin, à la fois riche, puissant et fascinant. Des personnages secondaires qui deviennent très vite indissociable de la qualité du titre. 

Le 10e tome de la série vient de paraitre en 2019 au Royaume Uni, donc pas besoin d'être devin pour avoir la garantie de bonnes heures de lectures pour les mois et années à venir !

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

jeudi 22 août 2019

Chronique : Vaste comme la nuit - Elena Piacentini (Fleuve)


Après Comme de longs échos publié en 2017, Vaste comme la nuit disponible ce 22 aout dans toutes les librairies, est la seconde enquête de la capitaine Mathilde Sénéchal écrite par Elena Piacentini.

Ce n'est pas un hasard si Elena Piacentini  a trouvé l'inspiration pour les deux titres de ses romans dans ce sonnet de Charles Baudelaire :

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

— Charles Baudelaire
Un sonnet qui trouve écho dans la prose de la romancière. Comme dans son précédent roman, elle parvient à nouveau à transporter son lecteur dans une histoire riche en saveurs et en parfums.

Complètement atypique dans sa forme et dans son fond, Elena Piacentini prend le temps de faire respirer ses personnages. Elle fait aussi l'étonnant choix de nous révéler dès le second tome les origines du traumatisme de son héroïne. Enfin, étonnant dans le cadre d'une série, mais parfaitement logique dans le cas d'un diptyque (si c'en est un !).

Philippe Pollet Villard a dit : "Dans un voyage ce n'est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout. "

Vaste comme la nuit est belle expérience de lecture et une nouvelle invitation d'Elena Piacentini à prendre les chemins de traverses.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

mercredi 21 août 2019

Chronique : le bal des folles - Victoria Mas (Albin Michel)


Le bal des folles
qui vient de paraitre ce 21 aout aux éditions Albin Michel, est le premier roman de Victoria Mas.

En refermant la dernière page, j'ai aimé découvrir que le titre et surtout la présentation de l'éditeur ne sont finalement qu'un fragment dans l'histoire de Victoria Mas.

Un prétexte qui lui permet de dépeindre le tableau peu idyllique de la condition de la femme au 19e siècle. Et plus spécifiquement de ces femmes que l'on considérait comme folles et qui se retrouvaient internées quasi systématiquement pour des motifs fallacieux.

Si "le bal des folles" est une date importante dans le calendrier de ces "patientes" et des employés de la Salpêtrière, il permet en amont à son autrice de composer des portraits de femmes sensibles, émouvants et particulièrement attachants.

En fait, Victoria Mas nous propose la conclusion optimiste d'un Luke La Main froide : comme Luke, Eugénie est "hors norme", considérée comme une personne qui n'est pas saine d'esprit et se retrouve enfermée dans une institution sensée l'isolée du reste de la population. Et lors de son passage, elle va elle aussi illuminer le quotidien de son entourage.

Pour ces premiers pas dans le grand bal de l'édition, Victoria Mas mérite amplement son étoile !

4decouv de l'éditeur : Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles.  Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles - d'un côté les idiotes et les épileptiques ; de l'autre les hystériques, les folles et les maniaques - ce bal est en réalité l'une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

mardi 20 août 2019

News : Une cosmologie de monstres - Shaun Hamill (Albin Michel)



À paraitre le 2 octobre prochain, dans la collection Imaginaire des éditions Albin Michel, Une Cosmologie de monstres, premier roman de l'américain Shaun Hamill. Il est traduit par Benoît Domis.

Voir la couverture originale sur le site de la maison d'édition en cliquant ICI.


Le roman a été optionné en vue d'une adaptation en série tv, à suivre...

4decouv de l'éditeur : La Famille Turner, de Vandergriff (Texas), se tient sur le seuil d'un monde terrifiant dominé par une cosmologie de monstres.

Est-ce le leur ou est-ce le nôtre ?


Shaun Hamill est américain. Une Cosmologie de monstres, appelé à devenir une ambitieuse série télévisée, est son premier roman.

« Dans Une Cosmologie de monstres, Shaun Hamill allie brillamment les univers angoissants de H.P. Lovecraft avec l'histoire contemporaine d'une famille menacée de destruction par des forces surnaturelles. Il réussit son coup, parce que ces braves gens pourraient être nos voisins. L'horreur ne fonctionne que lorsque nous nous attachons aux personnes concernées ; nous nous attachons aux Turner, et leurs cauchemars deviennent les nôtres. La prose de Hamill est sobre, tout simplement belle. Voilà à quoi ressemblerait un roman d'horreur signé John Irving. J'ai adoré ce livre, et je pense qu'il vous plaira aussi. »  
Stephen King

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

vendredi 9 août 2019

News : l'ile du diable - Nicolas Beuglet (XO)






Le 4e roman de Nicolas Beuglet, l'île du diable, est annoncé pour le 19 septembre prochain, aux éditions XO.

4decouv de l'éditeur : Où, après l'affaire du Vatican qui l'a menée en prison, Sarah Geringën, l'inspectrice norvégienne, ancienne des forces spéciales, se retrouve confrontée à un meurtre qui va l'ébranler au plus profond de son être, réveillant la douleur d'un passé aux multiples zones d'ombre.
Frédéric Fontès, www.4decouv.com

mardi 16 juillet 2019

News : Paz - Caryl Férey (Gallimard)

Paz, le nouveau roman de Caryl Férey, est annoncé pour le 3 octobre 2019 aux éditions Gallimard dans la collection Série Noire.

4decouv de l'éditeur : Pour la première fois depuis des décennies, paramilitaires, FARC et narcotrafiquants ont déposé les armes et sont sur le point d'aboutir à un accord de paix. La guerre civile aura laissé derrière elle des milliers de morts et de disparus. En politicien avisé, Saul Bagader a réussi à s'arroger une place de choix auprès des artisans de la paix. Mais des corps mutilés rappelant les pires heures de la Violencia sont retrouvés aux quatre coins du pays. Lautaro Bagader, fils de Saul et ancien militaire désormais chef de la police de Bogota, ne sait sur qui porter ses soupçons : narcos, anciens Farc ou paramilitaires opposés au processus de paix ? Il doit impérativement faire cesser l'hécatombe au plus vite, avant que la presse ne s'en mêle, même si, pour cela, il doit ouvrir cette boîte de Pandore qu'est son histoire familiale.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com

lundi 1 juillet 2019

Chronique : Saison frivole pour un tueur - Stephan Ghreener (SG)


6 ans après Vadim Royal, le second opus de la trilogie du French Bricolo, Stephan Ghreener est de retour pour boucler la trilogie qu'il a commencé avec L'été des deux pôles.

En musique, les Raconteurs viennent de sortir leur troisième albums après le précédent qui date de 2008. En fait, Stephan Ghreener, c'est le Francis Cabrel du polar. Si tu aimes ce que produit le gars, il faut être patient.

Forcé de constater que la patience a été récompensée. On ne va pas se le cacher, c'est plutôt casse-gueule de proposer un nouveau tome à une série après autant d'années.

Avec Saison frivole pour un tueur, Stephan Ghreener relève haut la main le challenge. On retrouve cette voix particulière qui nous replonge dans l'univers de Vadim. Je ne sais pas comment Ghreener s'y est pris pour à la fois reprendre là où Vadim Royal s'arrêtait et à la fois, nous donner l'impression que l'on a vieillit en même temps que son personnage. Et que donc des années ont passé pendant cette pause.

L'impression de retrouver un pote que l'on a quitté en juillet 2013 et de reprendre avec lui la discussion laissée inachevée jusque-là.

L'auteur range bien ses outils (on dit habituellement qu'un bon raconteur d'histoires boucle une série en rangeant bien ses jouets) et boucle avec brio cette trilogie.

Pour commander les trois tomes via le site lalibrairie.com, c'est ICI. (maj du 4/7/2019).

À noter l'annonce d'un projet d'adaptation de cette trilogie en préparation... Plus d'informations ICI.

Frédéric Fontès, www.4decouv.com