dimanche 8 avril 2012

Le kidnapping d'Aaron Green - Terry Kay (Cherche-Midi)

Le premier roman de Terry Kay a être publié en France sera Le kidnapping d'Aaron Greene aux éditions du Cherche-Midi. Traduit par Françoise Smith, il est disponible depuis le 05 avril.

Aaron Greene est coursier dans une banque d’Atlanta. Un matin, en allant à son travail, il se fait enlever. La piste du kidnapping est hautement improbable. Qui pourrait en effet vouloir s’en prendre à cet employé aux revenus très modestes et à la situation précaire ? Et pourtant, la demande de rançon ne tarde pas à tomber. Les ravisseurs réclament 10 millions de dollars. Non pas à la famille d’Aaron, mais à la banque qui l’emploie. Bien sûr, la direction n’a aucune intention de payer pour cet employé à peine visible dans l’organigramme. C’est compter sans l’habileté des ravisseurs qui, à travers les médias, vont dresser l’opinion publique contre l’établissement bancaire, qui, semble-t-il, n’accorderait pas la même valeur à la vie d’un petit salarié qu’à celle d’un dirigeant. Alors que la presse se déchaîne, que les avocats et autres conseillers en communication de la banque sont en alerte, Cody Yates, un journaliste mêlé malgré lui de près à l’affaire, et l’inspecteur Victor Menotti vont tenter de résoudre une affaire qui va se révéler beaucoup plus complexe qu’il n'y paraît. 

Avec ce thriller palpitant, Terry Kay nous offre une magnifique réflexion, plus d’actualité que jamais, sur la valeur d’une vie humaine au temps du libéralisme sauvage et du capitalisme triomphant.

Frédéric Fontès

vendredi 6 avril 2012

Sur les nerfs - Larry Fondation (Fayard)

 Sur les nerfs de Larry Fondation est publié par les éditions Fayard depuis le 18 janvier 2012. Il est traduit par Alexandre Thiltges.
Je viens donc d'en commencer la lecture. C'est très particulier dans le ton et dans la forme. Je suis très partagé. J'aime. Je déteste. J'avance dans ma lecture et je reviendrai pour faire le tri dans ces sentiments contradictoires. Sur les nerfs, roman noir contradictoire ? À suivre...


 Flash, fragments, vignettes, rythmes accidentés : Los Angeles est une jungle de béton trépidante où vit une foule ensauvagée.

Poz et Army imaginent un meurtre qui pourrait rapporter – mais Army en sait trop, Poz va devoir l’éliminer. Gina élève seule son gosse hyperactif dans une baraque squattée par un gang du quartier. Angela se ronge les ongles en attendant que son mec se fasse descendre. Johnny pratique le zen en tirant les rats d’une cave désaffectée. Quant aux jeunes filles, certaines devraient apprendre à se méfier...


Loin des paillettes et des palmiers, Larry Fondation sculpte le noir à force d’éclats de lumière – quand un de ses personnages se relève et, par sa révolte, transcende sa misère. Larry Fondation est médiateur de quartier à Los Angeles depuis plus de vingt ans. Sur les nerfs est son premier roman.

« Le noir, chez Fondation, est tellement dense qu’il en devient surréaliste. Mais le plus terrifiant, c’est que tout est réel. » Eric Miles Williamson - Transfuge


« Tout a été écrit sur Los Angeles, dit-on. Fondation prouve que non. » Review of Contemporary Fiction


« Visionnaire, en colère et surdéterminé. Sur les nerfs est le portrait frappant d’un monde impitoyable : le nôtre, aujourd’hui. » Los Angeles Reader 




Frédéric Fontès 



Chronique : Les Fantômes du delta - Aurélien Molas (Albin Michel)

Présentation ICI
Laissez-vous t'hanter (!) par les fantômes du Delta en ouvrant le nouveau roman d'Aurélien Molas.

L'essence même du travail d'un écrivain consiste avant toutes choses à trouver le bon mot pour donner le maximum d'informations au lecteur. Mais pas forcément en un maximum de mots. Une fois qu'il a trouver son mot, sa gemme, il va falloir lui trouver le parfait écrin. La phrase dans laquelle il va prendre racine et libérer son énergie, son éloquence, pour prendre son véritable sens.

Il suffit de lire les premières pages des ces Fantômes du Delta pour comprendre qu'Aurélien Molas est de ces écrivains.

Une fois que l'auteur trouve le bon mot, il lui faut trouver les bons personnages et les bons décors. Et cela fonctionne de la même manière : il est aussi important d'avoir un bon personnage que de lui trouver de bons interlocuteurs. Idem pour le décor. Vous pouvez mettre du cœur à l'ouvrage en décrivant une fleur et mettre autant d'ardeur à décrire ce qui entoure cette fleur, pour la faire ressortir, pour la mettre en valeur.*
 
Et ce principe de la poupée gigogne trouve son apogée dans le titre du roman d'Aurélien Molas. Celles et ceux qui ont lu le roman auront remarqué la présence répétée d'un motif au long du récit : le mot "fantôme" devient mantra, leitmotiv.

Comme je l'avais fait avec les chroniques de l'Homme qui disparait de Jeffery Deaver, L'Anneau de Moebius de Franck Thilliez, La Cicatrice du diable de Laurent Scalèse et Les Ronds dans l'eau d'Hervé Commère, les fantômes d'Aurélien Molas vont me permettre de mettre en avant l'un des talents qui différencie un auteur de romans d'un écrivain.

Ce "fantôme" est très intéressant pour parler du travail de l'écrivain. Ce n'est pas un hasard si l'autre nom pour les désigner est les ombres. Une ombre est liée à une source. Elle devient son négatif, son reflet, sa conscience et ses secrets.
Dans le livre d'Aurélien Molas, les fantômes sont tours à tours des habitants du Delta, des pêcheurs, des paysans, des soldats, des enfants qui meurent de faim, et des peuples exilés de force. Mais ces fantômes incarnent également la conscience des personnages. En faisant le choix de travailler dans l'Humanitaire ou en prenant la tête d'un groupe militaire, certains ont laissé derrière eux leurs vies d'avant. Tous les moyens sont bons pour tenter d'oublier : drogue, alcool, overdose de travail, argent. Mais ils ont beau faire, elle revient les hanter en grignotant le peu de sérénité qu'ils parviennent à gagner de temps en temps.

Et comme je le disais plus haut*, on peut évoquer la présence d'un fantôme aussi bien en décrivant sa consistance éthérée qu'en évoquant les choses qui l'entourent et qui permettent d'en deviner ses contours. Un peu comme le mot dans la phrase. Il y a ce que le mot évoque et autour, la silhouette du mot qui devient phrase.
Et il est là le lien entre Aurélien Molas et ses lecteurs : les mots de l'auteur sont des fantômes, des ombres, qui vont lui permettre de hanter l'imaginaire du lecteur. Avec un immense talent, il choisit avec parcimonie l'outil-mot qui va graver à jamais dans le marbre des pages, l'histoire des fantômes du delta.

Frédéric Fontès 

jeudi 5 avril 2012

Chronique : Les Ogres du Gange - Philippe Cavalier (Anne Carrière)

Mieux vaut tard que jamais... Cela fait quelques temps déjà (trop longtemps) que les quatre tomes de la série Le Siècle des chimères trônent au milieu de ma pile de livres à lire. J'ai donc commencer la lecture du premier opus, il y a quelques mois mais j'ai dû reposer le livre, devant l’afflux de nouveautés.

Tout était là pour que je poursuive ma lecture : personnage très attachant, un décor haut en couleurs, un contexte historique et humain riche, passionnant. Mais je l'ai quand même reposé. Oui, je sais...

J'en ai repris la lecture il y a quelques jours et c'est comme si je n'avais jamais quitté son héros David Twep, comme si il avait patiemment attendu que je revienne donner vie à son histoire, en tournant à nouveau les pages du livre. Et c'est captivant.

Philippe Cavalier a une écriture riche et éloquente. Il plonge le lecteur au cœur d'un récit étonnant, plein de rebondissements et aux saveurs multiples. L'auteur est un conteur hors pair et je suis déjà hanté pas une multitude d'images et de sensations liées à son histoire. Des parfums, des bruits, des textures, des lumières et des saveurs émanent instantanément des premières pages du livre.

Rares sont les auteurs qui parviennent à rester au service de leur histoire, en s’effaçant pour ne laisser que l'essence du récit, qui semble acquérir sa propre autonomie. Je suis sous le "charme", dans le sens magique du terme. La magie est un des ingrédients du récit et je suis "persuadé" que c'est aussi l'outil principal de l'auteur. N'est-il pas essentiel pour un romancier d'user des armes d'un prestidigitateur pour captiver son audience et la persuader que ce qu'il raconte existe dans la réalité du récit ? Je vais donc m'empresser de lire la suite...

 Frédéric Fontès

La muraille de lave - Arnaldur Indridason (Métailler)

Le dixième opus des enquêtes du Commissaire Erlendur Sveinsson, La muraille de lave, sera disponible le 03 mai aux éditions Métailler. Il est traduit par Éric Boury.

La Muraille de lave à laquelle fait allusion le titre est une falaise de basalte au pied de laquelle un tourbillon violent engloutit toutes les embarcations qui s'approchent, c'est aussi le surnom qui a été donné au siège social d'une grande banque, à l'architecture sombre et aux pratiques discutables. Le commissaire Erlendur est parti en vacances sur les lieux de son enfance et il a disparu, mais son équipe continue à travailler. Tandis que Elinborg, la fine cuisinière, s'occupe d'une affaire de viol (La Rivière noire), Sigurdur Oli, le moderne formé aux États-Unis, reconnaît par hasard dans la rue l'un des témoins de l'affaire de pédophilie en partie résolue dans La Voix. Ce même jour, un ami lui demande d'aider un couple de cadres qui, pratiquant l'échangisme, fait l'objet d'un chantage. Troublé par ses problèmes de nouveau divorcé, Sigurdur Oli va cependant aller jusqu'au bout d'une histoire qui lui révèle la cupidité qui s'est emparée de la société islandaise avec l'expansion mondiale des modèles financiers.

Commencé comme un polar classique, La Muraille de lave tisse les trames de plusieurs affaires et entraîne le lecteur dans les tourbillons de la perte de critères moraux et de l'impudeur de l'amour de l'argent. 



Frédéric Fontès

mercredi 4 avril 2012

Léviatemps - Maxime Chattam (Pocket)

La première partie du diptyque historique de Maxime Chattam, Léviatemps, sera disponible en format poche le 10 mais, aux éditions Pocket. Les répercussions de cette histoire seront à lire ultérieurement dans Le Requiem des abysses.

Voici ce que je disais de Léviatemps lors de sa sortie en octobre 2010 :

Mon avis sur Polars Pourpres : 

Belle description du Paris de 1900, qui devient un personnage à part entière. J'ai également beaucoup aimé la mystérieuse ombre qui plane sur ce roman. Par contre, j'ai trouvé le héros trop agaçant, trop bon profiler, trop bon graphologue, trop bon connaisseur de la nature sombre des hommes et finalement, il subit comme les autres. Un héros qui éclipse d'excellents seconds rôles, comme Faustine ou Gikaibo, ce dernier étant malheureusement bien trop rare. À noter un final dantesque, que les fans de Jérôme Bosch devrait apprécier et un coup de projecteur intéressant sur cette mystérieuse ombre...

On prend donc plaisir à explorer, dans le roman de Maxime Chattam, les endroits les plus sombres de Paris. Les descriptions du romancier sont éloquentes, il fait de Paris un personnage à part entière et c'est l'une des clefs de voute d'un roman historique qui se respecte. Il faut arriver à capter le pouls des lieux, lui donner une âme, je ne pense pas que Jean-Luc Bizien devrait me contredire à ce propos.

J'aime bien de temps en temps lire un livre du genre, c'est rafraichissant, entre deux histoires qui se déroulent de nos jours. Il y a à la fois un romantisme, un côté désespéré et mélancolique dans ces villes qui parfaitement servir d'écrin à une intrigue policière.

Guy de Timée est un nouvel un avatar littéraire de Maxime Chattam. Un soldat du savoir qui part au combat pour visiter l'enfer des bas fonds de Paris. Certaines aptitudes du héros pourront paraitre anachronique. Peut être que cela vient du fait qu'il est difficile de dissocier Guy de l'auteur. Guy semblant parler avec la voix de Maxime Chattam, c'est peut être cela qui renforce le sentiment anachronique. Même si Sir Arthur Conan Doyle a déjà permis à ses personnages de faire de telles prouesses, on aura un peu de mal à trouver raisonnables les multiples réflexions du personnage dans le contexte de son époque. Du coup, on se met à douter quand à sa place dans le "temps". On doute aussi comme les autres personnages du roman, qui lui font certaines remarques à de multiples reprises ...

Le double final est intéressant puisqu'il nous révèle les secrets du Léviatemps. Pas questions de rentrer dans les détails sans risquer de faire de révélations. Mais il est intéressant de constater ce qu'est finalement le Léviatemps. Comme le monstre de Frankenstein par exemple, il n'est pas celui que l'on pourrait croire. Il y a un double sens, comme les deux faces d'une même pièce ...

Et le dernier de ces secrets, cette ombre qui plane sur le roman et que j'évoque plus haut, devrait ravir certains fans de thriller et d'histoire.


Frédéric Fontès

mardi 3 avril 2012

Légume vert de Philippe Vigand en Poche


L'édition poche du Légume Vert de Philippe Vigand sera dans les bacs le 04 avril. Ruez-vous sur cette petite merveille qui va vous donner, à défaut d'un légume vert, la banane !

Voici ce que j'en disais l'année dernière, lors de sa sortie aux éditions Anne Carrière :

J'ai eu l'opportunité de me faire "pitcher" ce livre par l'éditrice Anne Carrière. Quand un regard pétillant vous présente le récit tout aussi pétillant de Philippe Vigand, qui évoque avec beaucoup d'humour son quotidien, difficile de résister à la tentation de se plonger dans cet univers en décalage avec le notre. Et puis j'ai vu ensuite le petit comic strip sur le site de l'éditeur, réalisé par Pacco, pour promouvoir le livre : hilarant et touchant à la fois. Vous pouvez le voir en faisant un clique ici.

MAJ du 08/04/2011 : Je viens de le terminer, avec un sourire aux lèvres du début à la fin. Un livre interactif puisque si Philippe Vigand communique avec ses paupières, le lecteur immobile que je fus pendant ma lecture lui a constamment répondu avec des sourires. Merci pour cette bouffée d'oxygène.



J'espère que l'auteur ne m'en voudra pas si je lui dédie ce morceau de Jamiroquai, (en tant qu'amateur de bons sons, on se comprend!) grâce à lui, j'ai voyagé sans bouger. Légume vert est un livre bon pour la ligne : vous savez, celle qui se forme entre vos lèvres quand vous souriez ! Je reviendrai prochainement m'aventurer dans la prose du Monsieur, via ses autres romans.





Atteint du locked-in syndrom (ou syndrome de  l’enfermement) depuis vingt ans, Philippe Vigand est paralysé des pieds à  la tête. Privé de l’usage de la parole, il ne peut s’exprimer que par  battements de paupière.
Le handicap est (très) lourd, mais le cerveau  intact, l’esprit vif, le regard aigu, l’humour corrosif. Au fil des  années, Philippe Vigand s’est habitué à son état et n’aspire plus qu’à  être traité comme un homme normal. Alors il s’étonne, parfois s’amuse,  souvent s’agace de ce que beaucoup le considèrent au mieux comme un  spécimen, au pire comme un légume.
C’est ce décalage quasi permanent entre ce qu’il  est, au-delà des apparences, et la façon dont les autres le perçoivent  qu’il raconte ici à travers des anecdotes vécues.
Ses récits sont tout à la fois drôles, savoureux,  grinçants et émouvants. Philippe Vigand n’est pas du genre à s’apitoyer  sur son sort. Il préfère garder ses forces pour goûter les plaisirs de  la vie et sa lucidité pour épingler ses travers… et les nôtres !
Un livre tonique et décapant.

Le site de Pacco :
http://www.mae-bd.fr/
http://www.fuckingkarma.com/





Frédéric Fontès

lundi 2 avril 2012

Féroces de Robert Goolrick en Poche

Féroces de Robert Goolrick est l'une de mes lectures coups de cœur de 2010. Il sera disponible en format poche aux éditions Pocket le 05 avril prochain. Voici ce que j'en disais lors de sa sortie aux éditions Anne Carrière.

  Qu'on l'ignore ou qu'on la dénie, qu'on la cache  ou qu'on la renie, la vérité poursuivra sa progression, propulsée par les battements d'un cœur à qui l'on a volé son innocence et qui parvient à s'accrocher obstinément à la vie. 

Robert Goolrick nous raconte son histoire, ses amours, ses ami(e)s, ses emmerdes ... (© Charles Aznavour).

« Maintenant et pour les siècles des siècles »

Rouge. En hébreux, il devient adom, synonyme d'Adam, Adamus, fait de  terre rouge. Le latin du mot rouge, ruber, a donné naissance à rubicon,  du nom du fleuve italien, et à l'expression franchir le rubicon, qui  consiste à atteindre et parfois franchir le point de non retour. Ce point, l'auteur va le frôler autant de fois qu'il a de cicatrices sur les bras. Il va danser avec la vie, accorder quelques pas à la mort, pour finalement parvenir jusqu'à nous à travers ce témoignage  bouleversant. 

« Le  sang était d'un rouge riche, plus rouge que je ne m'y attendais. La  couleur était belle. Cramoisie. Comme le rouge à lèvres sombre et laqué  d'une belle femme. Dans la lumière, il miroitait. »

Si Robert Goolrick n'avait pas été romancier, il aurait été peintre. Son  roman Féroces aurait pu être un triptyque. Chaque partie du tableau correspondant à une partie du livre. Il aurait dépeint dans le premier un cadre idéal et bourgeois. Il aurait fait ressortir les couleurs vives des parures et des différentes toilettes de ces dames. Il aurait joué du pinceau pour donner vie aux panaches de fumée qui s'échappent des cigarettes de ces messieurs. Dans le deuxième, il aurait commencé à glisser quelques signes précurseurs du drame à venir, en jouant avec les flammes de l'âtre de la cheminée et la couleur ambrée du contenu des  verres. Il aurait glissé un peu de rouge çà et là, via des fruits, ou la draperie d'un rideau. 

Et puis au fur et à mesure, on commencerait à voir disparaître quelques  sourires, à remarquer que le ciel est de moins en moins bleu et que les ombres deviennent de plus en plus menaçantes. Pour finalement arriver à  la dernière partie du triptyque, empreinte de solitude, de terreur, et de sang. Et puis, on retrouverait un semblant de lumière dans la signature de l'artiste, venant mettre un point final à l'œuvre. Une signature qui évoque un écho ...

« Ces choses-là arrivent. »

Et quand on évoque la cruauté morale à l'encontre d'un enfant sans défense, le sadisme des réflexions dont il va faire l'objet, vient enfin le temps où les masques tombent. Le fil rouge de cette histoire va se confondre avec le fil de la lame ensanglantée. Le saignement comme autant de larmes qui n'auront pas été versées. Comme la libération d'un trop-plein. Comme une envie qui n'a que quelques minutes, quelques heures, pour devenir une « enmort ».

« Mange ton sandwich, cow-boy. »

C'est que Robert Goolrick a un don pour exprimer toute la profondeur d'un mot à l'aspect anodin. Certaines répétitions soulignent en effet le côté désespéré et hanté du récit. Une impression qui ne quittera pas le lecteur, même après avoir tourné la dernière page. 

On l'accompagne donc dans un récit qui va devenir de plus en plus noir et sombre, peuplé de petites touches de rouge. De celui de la tomate dont la chair s'ouvre aussi tendrement que la peau des poignets. Toujours comme ce peintre qui dissémine quelques touches de vie dans un récit qu'effleure à de multiples reprises le spectre de la mort.

« L'été de nos suicides »

Et devant ces journées qui s'enchaînent dans une atmosphère de plus en plus oppressante, on devient d'autant plus sensible à la manière dont l'auteur va utiliser son panel de couleurs. Couleurs qu'il va exploiter tantôt pour nous faire rire, nous réchauffer, tantôt pour nous faire pleurer, nous glacer.

Pour avoir eu l'opportunité de lire une partie du roman dans sa version  originale, j'ai également pris un immense plaisir à découvrir le travail de précision de Marie de Prémonville sur cette traduction. On parle du fil de la narration, de la lame de rasoir. On peut aussi parler du fil sur lequel la traductrice avance durant les pages du livre, pour trouver le bon équilibre et le bon écho au mot d'origine. L'auteur utilise avec force certaines banalités du quotidien mais qui prennent une dimension particulière dans le cœur du récit. C'est là où le talent de l'adaptatrice rend toute l'élégance du texte sans jamais le galvauder ou l'amoindrir. 

«  Cette histoire, je la raconte car je tente de croire, car je crois de  tout mon cœur, que toujours demeure l'écho obstiné d'une chanson. »

Finalement Féroces, ce sont des mots qui remplacent les maux. Les maux qui deviennent des mots. Des mots de tête, un témoignage. Et qu'est-ce qu'un témoignage, si ce n'est un ensemble de maux qui blessent, des mots qui survivent et que l'on transmet. 



Frédéric Fontès




Basse-Fosse t.1: le baiser du rasoir - Daniel Polansky (Bragelonne)

Le baiser du rasoir est le premier tome d'une série nommée Basse-Fosse, qui est disponible depuis le 20 janvier dernier aux éditions Bragelonne. Il est traduit par Patrick Marcel. Je viens de me le procurer, je ne résiste pas à l'appel d'un livre qui promet de mêler fantasy sombre et polar noir.

Bienvenue à Basse-Fosse. Les rues résonnent des cris des poissonnières et des hurlements des marchands dévalisés. Ici, quand quelqu’un disparaît, on ne le retrouve jamais. Prévôt est un ancien soldat au passé sanglant qui a le don de s’attirer des ennuis. Quand des enfants étrangement mutilés sont découverts en ville, c’est bien plus que des ennuis qui attendent Prévôt. Car il est le seul à pouvoir arrêter l’assassin. À condition que ce dernier ne l’arrête pas en premier… 



Frédéric Fontès

dimanche 1 avril 2012

Le Puits des mémoires t.1 La Traque - Gabriel Katz (Scrinéo)



Rendez-vous le 18 mai prochain pour lire le premier tome de la trilogie Le Puit des mémoires de Gabriel Katz. La Traque est son premier roman, publié aux éditions Scrinéo. Le second volet sera publié en octobre 2012. Chronique à venir pour début mai.

Trois hommes se réveillent dans les débris d'un chariot accidenté en pleine montagne. Aucun d'eux n'a le moindre souvenir de son nom, de son passé, de la raison pour laquelle il se trouve là, en haillons, dans un pays inconnu. Sur leurs traces, une horde de guerriers, venus de l'autre bout du monde, mettra le royaume à feu et à sang pour les retrouver.
Fugitifs, mis à prix, impitoyablement traqués pour une raison mystérieuse, ils vont devoir survivre dans un monde où règnent la violence, les complots et la magie noire.



Frédéric Fontès