jeudi 19 octobre 2017

Chronique : Une vie exemplaire - Jacob M. Appel (La Martinière)



Je ne sais pas sur quel pied danser après avoir tourné la dernière page de ce roman de Jacob M. Appel.
D'un côté, je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir eu en mains l'histoire promise par le résumé de l'éditeur.
De l'autre, c'est justement le côté simple et atypique de cette version du classique "rentrons dans le quotidien d'un sociopathe" qui donne son cachet au roman.
Pas de grosses surprises dans cette Vie exemplaire si ce n'est une dernière phrase qui va nous laisser un peu perplexe...
Jacob M. Appel parvient à jouer sur l'ironie de la situation de cet éminent cardiologue pour faire ressortir les éléments humoristiques et corrosifs de l'histoire, sans avoir à trop grossir les traits de ses personnages. Et s'il grossit parfois le trait, il le fait sans jamais trop en abuser.
Ce qui donne un petit côté théâtral à cette histoire de psycho déguisé en médecin, ou peut-être que c'est un médecin déguisé en psycho...
À noter la couverture transparente qui protège le livre et met parfaitement bien en image ce masque de santé mentale dont se fardent ces psychopathes.

Présentation de l'éditeur : Jeune cardiologue éminent, père de deux adorables petites filles, le docteur Jeremy Balint est un homme qui a réussi sa vie. D'autres que lui, apprenant que leur femme dévouée les trompe depuis des années avec un collègue, se laisseraient emporter par la rage.
Pas Jeremy Balint.
Jeremy Balint va prendre son temps, car Jeremy Balint est un sociopathe. Avec méthode et patience, il va organiser l'élimination de son rival.
Et ce n'est que le début.
De nombreux romans mettent en scène des psychopathes, mais jamais un écrivain n'était parvenu à nous plonger avec autant d'acuité dans les arcanes de leur esprit. Jeremy Balint ne nous cache rien. Ne nous épargne rien. Il ne voit tout simplement pas le mal comme nous.


Frédéric Fontès, 4decouv.com

jeudi 12 octobre 2017

News : Jules Verne Testament d'un excentrique - Rémi Guérin (Michel Lafon)


À paraitre le 9 novembre prochain, Jules Verne Testament d'un excentrique, écrit par Rémi Guérin pour les éditions Michel Lafon.
192 pages richement documentées dans un beau livre cartonné, avec une préface de Jean Verne, arrière-petit-fils de Jules.

Chronique à suivre.

Présentation de l'éditeur : Février 2018 : 190 ans de la naissance de Jules Verne
• Jules Verne : auteur internationalement connu et reconnu par des générations de lecteurs.
• Une collaboration exceptionnelle avec le musée Jules-Verne de Nantes.
• Préface de Jean Verne, l'arrière-petit-fils de l'écrivain, qui assurera la promotion de l'ouvrage.
 

Jules Verne le visionnaire, l'auteur de pièces de théâtre, le romancier, mais aussi Jules Verne l'hypocondriaque, le Nantais autant que l'Amiénois, le mari et le père, le voyageur, l'amoureux éconduit... Ou encore Jules Verne l'auteur imaginaire, car il fut un temps où le monde douta qu'il existe. Bien des qualificatifs pourraient lui être attribués, bien des vies dans une seule. On connaît surtout de lui ses " Voyages extraordinaires ", une œuvre qui l'a rendu immortel. Mais que sait-on de l'homme qui se cache derrière l'auteur ?
Devenu aujourd'hui l'auteur français le plus traduit dans le monde, l'un des romanciers les plus lus dans l'histoire de la littérature, il n'en reste pas moins un homme fascinant, qui souffrit de son vivant de n'être pas reconnu à sa juste valeur, pétri de contradictions et d'envies, tiraillé entre désirs et désillusions. Quelles embûches ou quels bonheurs ont émaillé son parcours de vie pour que le futur avoué qui devait reprendre l'étude de son père devienne l'un des plus grands auteurs de la littérature, un des pionniers de la science-fiction ?
Alors que l'on s'apprête à célébrer l'anniversaire de la naissance (190 ans) de Jules Verne, attardons-nous quelques instants, à travers ce très bel ouvrage, sur cet auteur hors norme. Difficile d'imaginer ce qu'il aurait pensé de ce monde. Difficile de ne pas imaginer que notre société, nos inventions, nos envies de découverte, notre besoin d'explorer les frontières de l'univers ne sont pas nés de l'héritage que Jules Verne nous a légué, de ses " Voyages extraordinaires " que nous rêvons de faire nôtres. Ce livre nous emmène à la découverte du plus important de ses voyages, celui que l'on ne trouve pas dans ses romans : le sien.


Frédéric Fontès, 4decouv.com

mardi 10 octobre 2017

Chronique : Les chiens de Détroit - Jérôme Loubry (Calmann-Lévy)

Présentation ICI
Jérôme Loubry, le plus américain des auteurs français, Les Chiens de Detroit le plus français des romans américains !

Rarement un auteur étranger (ici le français Jérôme Loubry) se sera aussi bien approprié une ville, un décor et une noirceur. Autant d'ingrédients qui font l'essence des romans noirs américains tels qu'on les connait.

Un autre auteur qui me vient à l'esprit et qui a aussi cette faculté de raconter avec talent des histoires se déroulant ailleurs que sur ses terres natales, c'est l'anglais RJ Ellory (comme Ian Manook ou Olivier Truc du côté des français).

Et ce n'est certainement pas un hasard si un autre un point commun avec RJ Ellory apparait rapidement en tournant les pages du livre : Seul le silence.

Outre le fait que ces trois mots apparaissent à deux reprises dans Les Chiens de Detroit, Jérome Loubry y évoque lui aussi ces ombres de l'enfance sanglées aux silhouettes de leurs avatars adultes. Comme autant de fantômes qui hantent chacun de leurs pas. L'auteur parvient à transmettre ce trouble au lecteur, de la première page et bien longtemps après avoir tourné la dernière.

Désespérés et mélancoliques, les personnages de Jérôme Loubry sont certes condamnés à vivre un enfer mais aussi déterminés à briser la malédiction qui a jeté le trouble sur leurs destinés.

Un premier roman dont je conseille vivement la lecture et un auteur évidemment à suivre !

Les Chiens de Detroit, de Jérôme Loubry, le mercredi 11 octobre aux éditions Calmann-Lévy.

Frédéric Fontès, 4decouv.com



dimanche 8 octobre 2017

Interview : En tête à tête avec Dominique Maisons et Michael Mention - Saint-Maur en poche 2017


En juin dernier, pour la 9e éditions de Saint-Maur en poche, j'ai eu l'immense honneur d'y animer un plateau en compagnie de Dominique Maisons et Michael Mention.
L'occasion pour moi d'évoquer un des points communs dans leurs bibliographies respectives, le roman policier historique.



Retrouvez ci-dessous quelques chroniques des romans évoqués :
Le festin des fauves
On se souvient du nom des assassins
Jeudi Noir
Sale temps pour le pays
Adieu demain
... Et justice pour tous

Encore une fois l'occasion pour moi de remercier toutes les personnes qui ont œuvré pour que le salon tienne encore une fois toutes ses promesses, Marie Hudelot Verdel, Fred Dufey, Gérard Collard, Jean-Edgar Casel, Audrey et les bénévoles du salon.
Un merci particulier à Yvan et Dominique pour leur présence réconfortante lors de ce plateau. Merci pour vos bonnes ondes.

Rendez-vous l'année prochaine pour les 10 ans !

Frédéric Fontès, 4decouv.com

Poche : Trash Circus de Joseph Incardona (Bragelonne)


Presque 6 années après sa publications en grand format aux éditions Parigramme, Trash Circus de Joseph Incardona a droit à son poche, chez Bragelonne Thriller.
Voici ce que je disais de ce roman coup de poing en 2012 :


« Je sais trop bien que tout est déjà parti en couilles. Je suis là pour accélérer la chute. Je suis un punk en costard, [...] »
 Le personnage du roman de Joseph Incardona est un punk en costard, comme il se définit lui-même dans le livre, puisqu'il en est l'unique narrateur. En vivant l'histoire au gré de ses excès, vous devenez le témoin d'une vie qui ne semble être qu'une suite de constantes brûlures d'estomac. Frédéric Haltier est un sociopathe, un misanthrope, un drogué, un pervers et un homme riche. C'est un drôle de cocktail pour le funambule qui fait office de héros principal de cet étrange Trash Circus.

En équilibre instable et franchissant régulièrement la ligne rouge, Fred Haltier parvient à attirer la sympathie des lecteurs d'une bien curieuse manière : on sait que cet individu, qui prend son plaisir en faisant vivre l'enfer autours de lui, va récolter ce qu'il a semer. Cet électron libre est consumé par la peur et la haine. Et ce qu'il consume est également ce qui le nourrit. L'enfer est son paradis.

Le travail de l'auteur dans la caractérisation du personnage parvient d'une manière assez édifiante à fasciner le lecteur malgré sa répulsion et son dégoût. C'est comme regarder un documentaire animalier, sauf que cet animal porte un costume d'être humain. Un costume de mort lui permettant d'errer au milieu de ses semblables, tout en parvenant à orienter ses penchants, qui sont dans son job un véritable atout. Parce que Fred Haltier est un loup parmi les loups, qui tient son rang dans la meute.
  « [...] je n'ai plus froid, je suis fort, j'ai déjà attrapé la mort depuis bien longtemps, pour ce que j'en ai à foutre... »
En 221 pages, Joseph Incardona vous envoie son poing dans la tronche et son genou dans l'entre-jambe, avec son roman punk et trash, qui porte bien son nom.
Difficile de ne pas penser à l'American Psycho de Bret Easton Ellis. Loin des pulsions homicides de Patrick Bateman, Fred Haltier partage sa vision immorale du monde et son goût du détail. De là à parler d'un French Psycho, ou même d'un Parisian Psycho, il n'y a qu'un pas à franchir, en vous ruant sur ce polar brûlant, dérangeant et en vous munissant de votre ticket pour le Trash Circus.

Frédéric Fontès, 4decouv.com

samedi 7 octobre 2017

Chronique : Mentor - Lee Matthew Goldberg (Hugo Thriller)

Présentation ICI
Dès les premières pages de Mentor, Lee Matthew Goldberg parvient à installer une ambiance assez glaçante.

Et même si on peut regretter que l'auteur ne va pas parfois au bout des choses (certains évènements sont juste évoqués mais pas développés, comme la condition physique d'un des perso ou les implications de certains "seconds rôles"), l'auteur parvient à développer une histoire particulièrement anxiogène.

Contrairement aux dires de la quatrième de couverture, Mentor ne navigue certainement pas entre American Psycho (directement cité dans le roman) et Le Silence des Agneaux (dont la seule évocation peut s'expliquer par l'implication du cannibalisme).

Mais sa lecture devient particulièrement stressante pour le lecteur. Selon moi, il fait plutôt écho au premier roman de Jesse Kellerman, Jusqu'à la folie : là aussi, le héros se retrouve plonger dans une spirale infernale et assister à sa brutale déchéance crée le trouble chez le lecteur.

Mentor fait partie de ces romans dérangeant qui ne laissera aucun lecteur indifférent.

Mentor de Lee Matthew Goldberg, traduit par Élie Robert-Nicoud, le jeudi 5 octobre aux éditions Hugo Thriller.

Frédéric Fontès, 4decouv.com

lundi 2 octobre 2017

Chronique : Les Larmes noires sur la terre - Sandrine Collette (Denoel)


Il est évident qu'avec ces Larmes noires sur la terre, Sandrine Collette s'affranchit distinctement du cadre du roman noir. Une métamorphose déjà latente dans ses précédents romans, faisant de ce dernier une véritable ouverture de chrysalide : Sandrine Collette y déploie ses ailes pour nous offrir une épopée humaniste très forte.

En tournant les pages de son livre, j'ai rapidement eu en tête ce groupe de femmes, The Vuvalini ou The Many Mothers, croisées dans le film Mad Max: Fury Road de George Miller : en situant son histoire dans le futur et en "anticipant" un peu plus sur la condition de la femme dans notre société, Sandrine Collette expose des destins d'un groupe de femmes dans un monde qui les a mis au ban de la société. Des femmes qui n'ont pas dit leur dernier mot et qui comptent bien s'en sortir.

À la fois différent et dans le parfait prolongement de ses autres livres, Sandrine Collette vise juste avec ce cinquième roman : en plein cœur.

Présentation de l'éditeur : Il a suffi d'une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n'avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l'accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d'accueil pour déshérités, surnommé "la Casse". La Casse, c'est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d'automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir. Et puis, au milieu de l'effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s'épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu'elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser. Leur force, c'est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s'en sortir. Mais à quel prix ?

Frédéric Fontès, 4decouv.com