De temps en temps, je referai remonter à la surface d'anciennes chroniques de livres que je considère comme des indispensables, des romans cultes, des coups de cœur qui auront marqué mon imaginaire d'une manière unique et indélébile.
En ce moment passe sur France 5 un excellent documentaire consacré à la ville de Chicago. Ce qui me fait donc penser à un très roman que j'avais eu l'occasion de lire en... 2009, Chicago Way de Michael Harvey. Je sais, ça date un peu mais le roman mérite vraiment le détour, alors qu'injustement, il ne semble pas avoir bien marché (le second opus de la série a été publié par la suite, La Ville des Vents, et depuis, plus rien, même pas une édition poche).
Je vais juste me permettre de radoter un peu ici avant de vous copier-coller ci-dessous ma chronique de 2009 mais je pense que Chicago Way mérite de se retrouver dans nos bibliothèques aux côtés des cadors du genre, que sont Robert Crais ou Michael Connelly.
Ah, j'allais oublier un autre argument de poids : il est traduit par Leslie Boitelle.
Allez, hop, les Indispensables : Chicago Way de Michael Harvey, c'est parti !
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Mon avis sur Polars Pourpres :
Comment noter un roman qui réalise un sans faute, du début à la fin ? Qui présente des personnages attachants, réalistes et d'une épaisseur rare ? Un premier roman, qui vous embarque de la première à la dernière page à un rythme parfait ? Qui ne fait jamais l'erreur d'en faire trop et qui nous offre un final parfaitement maitrisé ? D'accord, ce n'est pas un chef d'œuvre mais il mérite largement le 10. Ruez-vous sur ce livre le 12 Mars 2009 !
Michael Harvey est le créateur, l'auteur et le producteur exécutif d’une célèbre émission télévisée américaine Cold Case Files [à ne pas confondre avec la série TV de France 2]. Il vit à Chicago où il y est également propriétaire d’un bar. Il connait donc parfaitement le travail d’investigation sur les dossiers classés et sa ville sur le bout des doigts. Associés à une belle verve (belle adaptation de Leslie Boitelle), ces éléments permettent de proposer aux lecteurs un premier roman maitrisé de bout en bout.
"— Une Guiness.
Calé sur mon siège, je savoure le rituel. Le verre, bien frais, est coincé contre le cuivre. Le jet s’écoule proprement. Après avoir rempli ma pinte aux trois quarts, la fille la dépose sur une boite en bois au-dessus de la pompe et, le temps que le breuvage repose, elle vide un cendrier, prend commande d’un petit déjeuner irlandais et sert une Smithwick’s. Quelques instants plus tard, elle finit de remplir mon verre avec un trait de Guiness aussi doux et mousseux qu’une crème de jour."
La caractérisation des personnages laisse sous le charme des différents protagonistes, la mise en place de l’histoire est efficace, les chapitres se succèdent sans temps mort et l’intrigue évolue de manière logique et compréhensible, en seulement 278 pages.
"En toute logique, la flicaille de Chicago devrait m’attendre à ma porte. Au lieu de quoi, j’y trouve le journal dominical et une blonde du samedi soir. Pas forcément dans cet ordre-là.
Elle m’éparpille un sourire aux quatre coins du paillasson. J’avance d’un pas pour m’en imprégner au maximum. Elle n’a pas encore ouvert la bouche et je me dis qu’il vaut mieux en profiter… J’ai raison."
Différents ingrédients permettent de savourer ce cocktail, qui peut être interprété comme étant une très jolie déclaration d’amour d’un romancier à la ville dans laquelle il vit désormais. Difficile de ne pas évoquer Michael Connelly et son héros Harry Bosch qui navigue également dans les eaux sombres des dossiers classés.
"Dans un silence soudain pesant, je sens le poids des années se matérialiser entre nous. Il ne s’agit pas de l’intimité amoureuse insouciante, ni d’une simple amitié. Une relation pareille ne peut se nouer qu’entre enfants. Peut-être l’avez-vous déjà vécue une fois mais, plus souvent, plus vraisemblablement, ça n’arrive jamais."
Peut être qu’un des éléments clefs dans l’identification du lecteur au héros, Michael Kelly, se produit quand l’auteur l'utilise pour s’adresser directement à nous. Cela arrive une fois dans l’histoire, il nous prend à témoin et nous permet à l’évocation de ce simple fait de nous souvenir. Comment parvenir à faire comprendre à son lecteur la clef d’une relation à la fois simple et compliqué entre deux personnages ? En sollicitant le lecteur et en faisant appel à son expérience. Définitivement le type de passage qui va permettre de conquérir le lecteur et lui permettre d’avoir une confiance aveugle en ce personnage.
"Je croise les jambes. Elle m’imite en mieux."
Et cette bienveillance va donner une petite touche particulière au roman. Ce mélange de douceur et de mélancolie va accompagner le lecteur du début à la fin et lui donner une seule envie : se ruer l’année prochaine sur The Filth Floor, second roman de l’auteur avec Michael Kelly, qui sera lui aussi publié par les éditions du Fleuve Noir.
Présentation de l'éditeur :
Ex-flic à Chicago, Michael Kelly a raccroché. Enfin, pas tout à fait : en tant que détective privé, au moins il peut choisir les affaires dont il s'occupe. Mais lorsque son ancien coéquipier John Gibbons vient le trouver tard un soir pour lui demander de rouvrir un cas de viol avec tentative de meurtre qui avait été classé des années auparavant, et lorsque ce même John est retrouvé assassiné le lendemain, il n'est plus tellement question de choix. Premièrement, parce que Michael est le dernier à avoir vu John, et donc le suspect principal. Deuxièmement, parce que la victime de l'époque, qui avait survécu de justesse, vient lui demander personnellement de s'occuper de l'affaire. Et troisièmement, parce que le cas est également suivi par Diane Lindsay, une journaliste d'investigation, avec qui ses relations vont bientôt dépasser la simple sphère professionnelle. Plus Michael s'engouffre dans cette histoire, plus il paraît clair qu'il est sur les traces d'un criminel intelligent, rusé et au parfum des méandres du système policier... et qu'il a trouvé moyen d'en exploiter les failles.
Frédéric Fontès, www.4decouv.com
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