Bien des années avant la Maison Hantée de Shirley Jackson et 120 ans avant la saga Paranormal Activity, Guy de Maupassant sondait en 1887 avec son Horla la lisière vaporeuse qui dissocie le commun des mortels des spectres. Quitte à se noyer encore un peu plus dans les abysses de l'aliénation.
Avec l'illustration de couverture, Guillaume Sorel présente la ligne directrice de son adaptation : son héros est seul, au bord du gouffre, face à un ciel lumineux qui se charge de nuages bien sombres.
De ce fait, cette adaptation est plus proche du récit d'origine quand on la compare à la dernière en date que l'on doit à la paire Bertocchini / Puech (les éditions du Quinquet en 2012).
Minéralité : son Horla emprisonne les rayons de lumière et semble absorber dernières émanations de lucidité de ce clone de Maupassant, même s'il n'est jamais présenté comme tel.
Sensualité : Sorel donne une autre facette à cet éctoplasme. Est-ce un parasite, un doppelgänger ? Maupassant trouve dans le Horla l'avatar de ce véritable cancer psychique qui le dévore lentement, un genre de succube asexué.
C'est là que le talent de l'artiste déploie ses ailes, en parvenant à faire vivre ce duel dans des pages très intenses. Quand on sait l'influence qu'a eue cette histoire sur L'Appel de Cthulhu de H. P. Lovecraft, on savoure la lecture de la planche 51 de l'album, présentant un mal très ancien via de gigantesques tentacules glissant lentement vers la lumière.
Un très bel album donc, une adaptation fidèle et intelligente, qui offre à ses lecteurs la possibilité de croire à l'emprise de la folie ou d'une entité intelligente. 62 planches honorant l'un des textes de référence de fantastique et de science fiction..
Le narrateur mène une vie tranquille dans sa
maison au bord de la Seine, lorsque d’étranges phénomènes commencent à
se produire. C’est la carafe d’eau sur sa table de nuit qui est bue, des
objets qui disparaissent ou se brisent, une fleur cueillie par une main
invisible... Peu à peu, le narrateur acquiert la certitude qu’un être
surnaturel et immatériel vit chez lui, se nourrit de ses provisions.
Pire encore, cet être, qu’il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui,
un pouvoir grandissant... Du Horla ou de l’homme, l’un des deux doit
périr. Le Horla comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la
fin de sa vie, alors qu’il sombrait dans la folie, joue délicieusement
avec nos nerfs en traitant de thèmes très actuels comme l’angoisse, la
hantise du suicide, la peur de l’invisible.
Le Horla par Guillaume Sorel, d'après l’œuvre de Guy de Maupassant, aux éditions Rue de Sèvres.
Frédéric Fontès, 4decouv.com, pour Planet.BD.com
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