Le dernier roman de l'écrivain américain Robert Goolrick, Arrive un vagabond, sera disponible en format poche le 7 novembre, aux éditions Pocket.
C'est au cours de l'été 1948 que Charlie Beale arriva à Brownsburg.
Il était chargé de deux valises — l'une contenait quelques affaires et
des couteaux de boucher, l'autre une importante somme d'argent.
Charlie y tomba deux fois amoureux. D'abord, il s'éprit de cette
ville paisible de Virginie dont les habitants semblaient vivre
dignement, dans la crainte supportable d'un Dieu qu'ils avaient toutes
les raisons de trouver plutôt bienveillant à leur égard. Une preuve
parmi d'autres : il n'y avait encore jamais eu de crime à Brownsburg.
La deuxième fois que Charlie tomba amoureux fut le jour où il rencontra Sylvan Glass.
Voici ce que j'en disais en août 2012, lors de sa parution en grand format aux éditions Anne Carrière :
Gorge serrée, larmes aux yeux, comme si l'on venait de nous égratigner le cœur.
Les dernières pages du nouveau roman de Robert Goolrick sont
bouleversantes et marquantes, à l'image d'une montée en puissance qui
prend son élan dès les premières pages du livre.
« Je vais vous raconter une histoire. »
Les plus beaux contes commencent par "il était une fois". L'aventure
d'une chanson ou d'un roman débute souvent avec un titre qui vous
envoûte dès que vous en prenez connaissance. Un peu comme Une Femme simple et honnête, Féroces et Arrive un vagabond. Ce dernier titre choisi pour la traduction française des éditions Anne Carrière est assez éloquent en la matière.
Encore une fois (je l'évoquais déjà après ma lecture d'une Femme simple et honnête) il crée ici une sorte d'écho à l'histoire d'Amelia Evans, héroïne de la romancière Carson McCullers que l'on découvre dans la Ballade du café triste. Un peu comme si ces romans évolués dans un univers commun.
On y respire les premières flagrances d'une mélancolie et d'une passion
enivrante, qui va de fil en aiguille nous oppresser. Ce parfum ne nous
quittera jamais et il persistera au-delà de notre lecture. Ces trois
mots, arrive un vagabond, sont le point de départ d'une histoire
retentissante, le moment où les choses semblent encore figées. Comme
dans une histoire racontée oralement, c'est le moment où l'on prend une
grande respiration avant d'aborder l'un des éléments déterminant de
l'histoire. Comme une ponctuation dans la présentation du cadre.
L'arrivée de l'incarnation du destin. Le Destin de Brownsburg, avec deux
valises.
Arrive un vagabond est une histoire que l'on a tous pu connaître
dans nos vies. Celle d'un amour qui nous habite soudainement sans
prévenir et qui nous quitte sans aucune promesse d'avenir. Cette passion
amoureuse consumant Charlie et la belle Sylvan, va hanter la vie de ses
acteurs et témoins. Un coup de foudre qui rassemble deux âmes abîmées
et fait de nous des témoins privilégiés, comme le deviennent les
fabuleux personnages secondaires de l'histoire tel que le petit garçon
Sam et ses parents, la formidable couturière Claudie et même le chien
Jackie.
Robert Goolrick ne se contente pas d'habiller ses personnages. Avec
l'efficacité qu'on lui connait, il leur insuffle la vie et les nourrit
pour les faire grandir. Il évoque des gens simples qui aspirent à vivre
sobrement en s'efforçant de profiter des jolies choses mises à leur
disposition. Il va dès le début brandir au dessus de leurs têtes une
immense épée de Damoclès. Une menace perceptible en début de roman tel
une simple brise, annonciatrice d'une grande tempête à venir.
Comme dans ses précédents livres, Robert Goolrick évoque le romantisme
et la poésie des choses simples avec des mots simples. Une écriture qui
devient partition, où chaque mot devient une note. Une symphonie à la
fois magique et tragique, qui délivre dans sa dernière partie un
crescendo, une montée orchestrale qui va tout souffler sur son passage,
brutalement s'arrêter en nous laissant groggy, sonné, et seul.
J'ai rarement éprouvé cette sensation de lire et donc de vivre une œuvre
capitale, et j'ose l'écrire, monumentale. La précédente fois, c'était
avec le magnifique Julius Winsome de Gerard Donovan.
Quand je referme Arrive un vagabond, je comprends sans aucun
doute possible, que j'ai en main un livre qui a vocation à devenir le
joyau des bibliothèques de mes contemporains. Dès maintenant et pour les
années à venir.
Frédéric Fontès, 4decouv
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire