5/
Frédéric Fontès : Comment expliquez-vous que ce genre soit si rare en France ? C'est
difficile de faire une liste mais on arrive presque à une petite
dizaine de noms : Marin Ledun (Zone Est), Gilles Haumont (L’Origine
du mal) , Guillaume Lebeau (Pentagone), Philippe Cavalier (Le Siècle
des chimères), Yal Ayerdhal (Transparence) ou Aurélien Molas (Les
Fantômes du Delta).
Antoine Tracqui : Alors là, j’ai un peu honte de mon inculture, parce qu’à part Ayerdhal je n’ai jamais entendu parler de ces messieurs !! (du coup j’implore leur indulgence). C’est marrant, parce que les noms qui me viennent à l’esprit quand je pense au (techno)thriller à la française, c’est plutôt l’immense Maxime Chattam, Franck Thilliez, Cédric Bannel ou, pourquoi pas, Maurice G. Dantec tout au moins à ses débuts.
Antoine Tracqui : Alors là, j’ai un peu honte de mon inculture, parce qu’à part Ayerdhal je n’ai jamais entendu parler de ces messieurs !! (du coup j’implore leur indulgence). C’est marrant, parce que les noms qui me viennent à l’esprit quand je pense au (techno)thriller à la française, c’est plutôt l’immense Maxime Chattam, Franck Thilliez, Cédric Bannel ou, pourquoi pas, Maurice G. Dantec tout au moins à ses débuts.
Franck Thilliez |
Pourquoi,
en comparaison du polar ultra-représenté, le genre est-il si rare
en France ? J’ai bien ma petite idée, mais il m’est assez
difficile de la développer sans me lancer dans des considérations
politiques qui risqueraient de m’aliéner une partie de mon
lectorat... Essayons néanmoins : trop ricain ? trop
militariste ? trop scientiste ? trop tourné vers la
réussite individuelle et la consommation effrénée d’énergies
fossiles ? (horreur ! pas un seul bâtiment
basse consommation dans
Point Zéro !!) pas assez soucieux des débats sociétaux, des
minorités (forcément opprimées) ou du commerce
équitable ?...
Ajoutons à cela - je sais, je me répète, mais c’est quelque
chose qui me gave profondément ! - cet a priori négatif que
nous autres Français avons souvent à l’égard du progrès
scientifique...
Débat
à suivre dans lequel j’éviterai d’en dire plus, tout en
soulignant que de mon point de vue perso les littératures de
l’imaginaire doivent être avant tout populaires
(c’est-à-dire divertissantes et sans prise de tête, en d’autres
termes des « romans de gare » ou des « romans de
plage », dénominations qui pour moi n’ont rien de péjoratif,
bien au contraire !) et pas nécessairement vectrices d’un
quelconque message pédagogique...
6/
FF : Je me trompe ou peut-on sentir l'influence des comic books dans
certains de vos personnages, je pense en particulier à celui qui
fait écho à Tony Stark ? D'ailleurs, peut-on savoir pourquoi
vous ne citez qu'une partie du nom de ce personnage, qui a vraiment
existé ?
Iron Man, alias Tony Stark, par Don Heck |
AT : Bien vu, mais ça ne se limite pas aux comics : je suis un grand amateur de BD en général, d’ailleurs j’en lis de plus en plus alors que pour les bouquins c’est le contraire ; la raison en est simple : depuis quelques années et surtout depuis que j’ai commencé à écrire, je n’ai plus beaucoup de temps à consacrer à la lecture (une demi-heure tard le soir avant de faire dodo, en moyenne...). A ce régime, difficile de se lancer dans des pavés style Point Zéro (simple exemple !), d’autant que je déteste saucissonner ma lecture par tranche de 50 pages quotidiennes ! Une BD par contre, c’est juste la longueur qu’il faut pour bien finir la journée...
Question
genres BDesques, je suis extrêmement
éclectique ce qui explique le volume de ma collection (60 cartons au
dernier déménagement !) et les récriminations quotidiennes de
Madame quant à l’espace vital dont ça nous prive... en gros ça
va de la Métamorphose de Kafka version image (c’est Delcourt qui a
osé) aux Sales blagues de Vuillemin, en passant par Riad Sattouf
(ah... Pascal Brutal !), Ben Templesmith (peut-être mon
dessinateur de comics préféré) ou les jubilatoires Doggybags du
Label 619... A partir du moment où ça saigne et qu’il y a des
gros mots, en général je suis preneur.
Certains
de mes héros, indéniablement, ont subi cette influence. Par
exemple :
-
pour Poppy, j’avais déjà signalé dans une autre interview sa
filiation avec Yiu, de Téhy et Vee. A la réflexion, j’en vois au
moins deux autres : la très sexy Jakita Wagner de Planetary et la non moins talentueuse Carmen Mc Callum ( là
), qu’on ne présente plus (au fait... ne serait-ce pas une cousine
de Caleb Mc Kay ????). Dans les deux cas des brunes plutôt pas
commodes, plus douées pour le massacre à la hache que pour les
conversations mondaines... il suffisait d’ajouter un catalogue
fourni d’obscénités, un peu de crasse ainsi que quelques relents
de bourbon et de vomi, et le plat est servi !
Jakita Wagner |
-
au physique, One-Shot alias Vassili Hautamäki s’inspire d’un des
Fantastic
Four
(devinez lequel !), mais aussi d’un personnage de Stormwatch :
Team Achilles
(certes pas la plus connue des suites de l’univers
Stormwatch/Authority), le délicat Jukko
Hämäläinen - également un colosse finnois couvert de cicatrices ; cependant ceux qui ont lu ce comics conviendront avec moi
que la ressemblance s’arrête là...
Jukko Hämäläinen |
Pour
ce qui est enfin du personnage qui vous fait penser à Tony Stark,
désolé cher Frédéric mais vous vous êtes trompé d’une
génération... en fait il fallait citer Howard
Stark, le père du susnommé (celui qu’on voit jeune dans le film
Captain
America
et qui, pour le coup ( indice
), ressemble comme deux gouttes d’eau au personnage historique qui
nous intéresse). Quel personnage ?? Allons... encore un
effort : multimilliardaire / cinéma / chapeau / gros avions /
Las Vegas / mort reclus et comme un clodo... ça ne vous dit vraiment
rien ???
Ah
oui... cette histoire de prénom... là, désolé, je ne peux rien
dire car c’est un private
joke
entre moi et mon éditeur que j’aime. Mais l’explication viendra
peut-être (ou pas) dans le tome 2 ou le tome 3 !
7/
FF : Comment parvient-on à associer avec une aussi belle réussite autant
d'ingrédients sans que cela soit indigeste pour le lecteur ? C'est
fluide, les fins de chapitre sont pleines de suspense et vous passez
allègrement d'un fait historique à des explications scientifiques
sans oublier la parfaite caractérisation des personnages. Et tout
cela dans un premier roman. Épatant ! Je crois qu'il y a plein de
gens qui souhaitent connaître votre secret...
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