Si le précédent roman de Larry Fondation, Sur les nerfs, avait particulièrement surpris par sa forme très épurée, dépouillée et brutale, Criminels ordinaires, à paraitre le 06 février prochain, est à la fois différent et très complémentaire.
Différent puisque dans sa forme, il s'apparente plus à une suite de polaroids dont chacun évoque un fait divers que l'auteur va, à sa manière, transformer en une sorte de conte moderne.
Deuxième opus de sa série The Unanimous Night, Larry Fondation s'éloigne du style "slam" mais poursuit ce témoignage qui met en avant une population en marge de la société.
C'est toujours aussi brutal, sale, brûlant tout en frôlant parfois à quelques occasions le conte philosophique. C'est l'enfer ordinaire à Los Angeles et l'auteur nous raconte l'histoire de personnes qui n'attendent même plus leur ticket pour le paradis, tant les flammes les encerclent quotidiennement. La mort rôde mais cette prolifération des ténèbres permet de surprendre quelques étincelles d'humanité. J'ai, par exemple, un gros coup de cœur pour l'histoire : "Expulsion au petit-déjeuner" qui est un véritable rayon de soleil.
Plus accessible que son précédent roman, Criminels
ordinaires est une œuvre qui transforme des faits divers en contes urbains souvent tragiques mais aussi plein
d'humour et vous hante encore longtemps après avoir refermé le livre. Si vous
ne connaissez pas Larry Fondation, commencez par ce livre qui vous
donnera des clés pour mieux décrypter et appréhender Sur les nerfs. Ce dernier sera disponible en format poche le 1er février.
Pour conclure, je tiens à louer le travail de Fayard pour, entre autres, la continuité dans le choix des couvertures des deux livres. Ces deux images sont assez éloquentes quand on les place côté à côté : deux points de vue où l'observateur regarde vers le bas, vers ses pieds. Le bas et le reflet des buildings, les marques d'usures sur le macadam. L'attraction terrestre qui nous attire vers le bas. Etc.
Criminels ordinaires poursuit l'exploration de ces reflets et de ces traces en confirmant la présence d'une voix rare et unique dans la littérature du genre.
Frédéric Fontès, 4decouv
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