Si Hervé Commère a souhaité surprendre son lectorat avec ce quatrième roman (en comptant Départs), il a totalement réussi son pari.
Il étonne par sa forme, qui prend un peu ses distances avec la construction de J'attraperai ta mort et des Ronds dans l'eau, mais Le deuxième homme prolonge le travail effectué avec Départs. Hervé Commère ne se concentre plus seulement sur les cercles concentriques, il utilise comme modèle les trajectoires, un peu comme les trainées laissées dans le ciel dans le sillage des avions.
Il déconcerte surtout par sa noirceur et son cynisme, à l'image d'un héros qui s'est construit un personnage, une attitude et un cadre de vie qui s'apparente à un mirage.
Et quand il découvre que son récent bonheur conjugal repose également sur une illusion, le philtre d'amour qui coule dans ses veines va devenir poison. Quand des menteurs se décident à boire dans la même coupe, les mots bleus finissent toujours par virer aux maux rouges sang.
Le deuxième homme est un roman très troublant, puisqu'il nous montre avec une précision clinique comment dans un couple, l'amour peut devenir obsession et vice et versa. Comment finalement cette passion qui prend l'apparence d'une obsession se révèle n'être qu'une sorte de malédiction.
Un peu comme si le destin avait fomenté un plan particulièrement
machiavélique, afin que les trajectoires de ces deux âmes maudites se côtoient, se croisent, pour finalement se percuter dans une retentissante explosion.
On a très rapidement en tête l'image de deux plantes carnivores qui se séduisent pour mieux se nourrir l'une de l'autre. En fait, ce sont deux vies qui cachent deux longs suicides. Chacune prolonge un peu plus ce qui n'est finalement qu'un sursis. Si la morale du livre est très noire elle prend la forme d'une ultime
déclaration d'amour.
Une lectrice d'Hervé Commère a eu ce mot juste en évoquant le côté vénéneux du roman. Noir et vénéneux. Deux des ingrédients qui vous attendent, prêts à vous sauter au visage dès que vous aurez tourné la bonne page...
Frédéric Fontès, 4decouv
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire