Paris en 2040, le nouveau roman d'Arthur Bernard, sera disponible le 27 septembre aux éditions Parigramme.
En 2040, Paris s'est dédoublé : le Paris-capitale, le Paris du pouvoir
(Paris I) s'est retranché derrière un mur invisible enserrant une vaste
zone courant de La Défense à Saint-Denis, tandis que le Paris que nous
connaissons (Paris II) demeure la ville des monuments, des jardins, des
cimetières. Tout autour, également séparée par un mur invisible, s'étend
une Zone Inquiète aux contours mal définis.
Paris II baigne dans une
pénombre imposée par les nécessités de la nuit écologique. C'est une
ville hyper-mémorielle, célébrant et commémorant à tour de bras, la
mairesse étant assistée dans cette tâche par une adjointe à la mémoire
positive et un adjoint à la mémoire négative. De grands miroirs disposés
aux angles des places offrent un reflet permanent de la ville à
elle-même et se transforment, à l'occasion, en écrans faisant revivre
les événements qui s'y sont produits dans le passé.
C'est dans ce
cadre qu'évolue une petite troupe emmenée par Gaby, vénérable centenaire
qui préfère se dire séculaire. Les amis forment une société des
lecteurs nocturnes qui se retrouve dans la BN de la rue de Richelieu,
définitivement abandonnée et qu'ils entreprennent dérisoirement de
repeupler de livres. On les suit encore à la célébration de la fêt' nat'
place de la Bastille, sur les quais pour une parade nautique
mouvementée, sur la tombe de Blanqui au Père-Lachaise, dans le vieux
métro désaffecté... Partout se croisent des 'ironistes' multipliant les
manifestations-surprises, des 'branchés' circulant d'arbre en arbre,
d'énigmatiques capuchonnés ou des agents double du pouvoir fomentant
attentats et actions d'éclat.
Plus qu'une œuvre d'anticipation et encore moins de prospective, ce
roman est une fable qui met en scène des représentations ou des
fantasmes attachés de longue date à Paris ; la prédiction est ici autant
celle du passé que celle de l'avenir ! Rien ne change mais tout change.
Servi par une écriture musicale et poétique, ce tableau est celui d'un
rêve éveillé, animant un paysage qui nous semble aussi familier
qu'onirique.
Frédéric Fontès
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