Le roman sera disponible en format poche le 05 Mars prochain. Voilà ce que j'en disais lors de sa sortie en grand format, en Mars 2008 :
« Ceux qui ne dorment pas doivent affronter leurs cauchemars»
Présentation de l'éditeur
Infirmière dans un centre pour polytraumatisés, Élise souffre depuis des mois d'insomnie rebelle. Dans le service, les gens racontent qu'elle a le don de réveiller les comateux. C'est impossible... Et pourtant. Élise a ranimé celui qu'il ne fallait pas: Stanislas Opalikha. Lorsqu'elle est enlevée par ce redoutable assassin, c'est un inconnu guidé par de terribles visions qui va retrouver leurs traces. Qui est-il ? Arrivera-t-il à temps ? Un terrible compte à rebours commence alors, suscitant des questions aussi redoutées que fascinantes. Qui sont les éveillés, ces femmes et ces hommes dont les origines semblent remonter à la nuit des temps ? Et qu'est-ce qui les relie à cette nécropole découverte par hasard et abritant des dizaines de cadavres inhumés là depuis des siècles ? Thriller haletant et conte initiatique, Les Éveillés lève le voile sur une réalité dérangeante où l'histoire, les énigmes de la génétique et le monde des rêves entrent en résonance.
Cette présentation de l'éditeur est intéressante puisqu'elle va permettre de résumer le livre en un seul mot : résonance.
Retentissement, écho se produisant dans l'esprit, le cœur.
N’est-ce pas ce qu’il se produit quand nous ouvrons un livre. Quand l’on commence à se laisser guider par les premières lignes d’un roman. Lorsque nous prenons le pouls de l’histoire et que nous commençons à respirer au rythme des différents chapitres …
Vous, le lecteur qui vous apprêtez à ouvrir le livre. Vous êtes l'endormi. Face à cette histoire qui est pour vous, encore en sommeil. La graine est plantée (vous avez le livre entre les mains) mais il lui reste encore à croître. Et vous, à croire. Si les pages sont la terre, les mots seront donc votre eau, les espaces votre air, et l’histoire le feu qui allumera votre imagination.
Il ne sera donc pas surprenant de trouver un certain lyrisme dans des passages du livre. Le rapport du héros, Pierre, avec le chêne, dans une superbe séquence qui mêle poésie et onirisme, rappelle l’influence que les éléments ont sur nous. (L’introduction des auras n’y est pas étrangère, on avait déjà pu être sensible à ce genre d’émotion dans l’excellent Insomnie de Stephen King.)
Pierre Delcroix, dont le sommeil (et donc la vie) est perturbé par l’insomnie, commence à percevoir les auras des êtres vivants qui l’entourent. Perturbation face à laquelle le lecteur ne pourra rester insensible, puisqu’il aura eu lui aussi peut être, au cours de sa vie ou pendant sa lecture, été confronté aux affres du manque de sommeil. Une raison en plus qui aidera le lecteur à «incarner» le personnage.
Et tout héros doit avoir son antagoniste. Dans le cas de Pierre, il s’agira de Stanislas Opalikha, un tueur psychopathe, que les médias ont nommé l’Embaumeur. Les Endormis vont donc être confrontés, dans la première partie, aux conséquences des rêves et aussi à leurs absences.
Jérôme Camut et Nathalie Hug vont alors commencer à dévoiler les bases scientifiques sur lesquels repose leur histoire. En abordant par exemple la théorie de Michel Jouvet sur le sommeil paradoxal, ils vont initier les lecteurs aux rudiments de cet « univers ». (Ce qui ne devrait pas déplaire aux fans de la Nuit Interdite de Thierry Serfaty et de Pour toutes les fois de Lalie Walker).
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Dans son livre Le Paradoxe du sommeil, Jouvet propose la théorie spéculative selon laquelle la fonction du rêve serait une reprogrammation neurologique itérative pour préserver chez l'individu l'hérédité psychologique à la base de sa personnalité. Ses hypothèses concernant la fonction du rêve invalident, selon lui, celles de Freud. Selon James Hillman, un analyste jungien, le moi qui rêve n'est pas le même que le moi éveillé. Il existe entre les deux une relation de gémellité : ils sont les ombres l'un de l'autre. Le moi qui rêve, c’est-à-dire le moi imaginal, se mêle aux images du rêve et sait qu'elles ne lui appartiennent pas. Le moi est lui aussi une image, une figure complètement subjective, un fantôme, une ombre vidée du "Je" qui s'abandonne au sommeil. Le rêve n'appartient pas au rêveur, celui-ci n'a qu'un rôle dans celui-là. Le moi, le "Je", doit réapprendre à se familiariser avec le rêve, à créer une intimité avec lui, parler son langage, l'apprivoiser, sans chercher à le "violer" par des interprétations abusives. Source : fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Jouvet |
Les auteurs poursuivent leur enquête dans la science du rêve en nous parlant des recherches d’Hervey de Saint-Denys. Au sujet du rêve lucide, certains lecteurs pourront être tentés d’explorer encore un peu plus cette partie abordée dans les éveillés. Ils pourront donc dans ce cas se ruer sur le livre d’Hervey de Saint-Denys et encore une fois sur une autre contribution de Lalie Walker, Vivre le Rêve : Accéder au rêve lucide.
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En 1867, le français d’Hervey de Saint-Denys publiait de manière anonyme le fruit de sa recherche introspective, les Rêves et les moyens de les diriger, un ouvrage d'avant-garde sur le sommeil et les rêves, et les Rêves lucides en particulier. En 1978, la communauté scientifique confirmait l'existence de cette faculté remarquable découverte par Léon d'Hervey la conscience de rêver au cours du rêve porte ouverte sur la maîtrise de notre univers onirique et outil d'une science nouvelle : l'onironautique. Pont jeté entre nos mondes intérieur et extérieur, le Rêve lucide n’offre pas seulement de nombreuses applications, tant au plan psychologique que physiologique, il est au coeur même de l’évolution de notre conscience. Peu d’ouvrages aussi marquants jalonnent l'histoire de l'onirologie. Pour les spécialistes comme pour les amateurs, la réédition intégrale d'un livre devenu rarissime (il n'en subsiste plus qu'une vingtaine d'exemplaires) s'imposait. |
Lorsque Salah et Mariani prétendent que le rêve nous évite de devenir des pantins, des machines, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec Stan qui aime jouer avec ses marionnettes et couper, les uns après les autres, les fils qui les retiennent à la vie …
La deuxième partie du roman, les Aveuglés, va nous présenter les deux policiers qui vont enquêter sur la disparition d’un des personnages principaux. C’est l’une des premières grosses claques du roman, quand ce personnage, malmené par les auteurs, échappe à l’élan de sympathie protecteur dans lequel le lecteur aurait pu le croire en sécurité. C’est l’une des dures leçons que l’on retiendra de cette lecture : personne n’est à l’abri. Ce qui nous sera confirmé de manière assez frustrante dans le chapitre 35 quand l’un d’eux ferme sa porte.
Pendant que l'avenir de certains personnages s’assombrit, Salah, une des patientes sortie du coma par Elise, va faire des recherches sur leurs ancêtres et tenter de découvrir qui sont les Oubliés, titre de la troisième partie du roman.
Ce qui va me tuer pourrait me conduire sur la trace de mes ancêtres ?
De fil en aiguille, le lecteur va passer les différents stades du roman à l'image des différents titres des parties du livre. Il va rejoindre les Initiés, partie 4, au moment même où Salah peut enfin mettre un nom sur la malédiction qui pèse sur les enfants de cette famille d'initiés...
Elle portait en elle le gène d’un tueur bien plus redoutable que tous les Stanislas Opalikha de la terre !
C'est à ce moment là du livre que les différents personnages vont se rencontrer, Pierre et Salah, un flic et Stan. Maintenant que le lecteur est bel et bien conscient de ce qu'il se trame, il va pouvoir rejoindre les Éveillés, titre de la dernière partie du roman du même nom. Et pendant que la Faucheuse Stan est tout à son œuvre, via une mort qui va encore une fois surprendre le lecteur, la petite lumière dans cet océan de noirceur va apparaitre. Elle viendra de la belle alchimie qui va naitre d'une histoire d'amour entre deux personnages. Moment éphémère mais très touchant.
Voilà donc un livre qu'il vous faudra aborder avec les sens en éveil et en laissant votre scepticisme de côté, afin de vous laisser porter par la science et l'imagination. Quel beau programme, n'est-ce pas ?! Bonne lecture et faites de beaux rêves !
Frédéric Fontès
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