Oconee, comté rural des Appalaches du Sud, années 50.
Une terre jadis arrachée aux Indiens Cherokee et qui bientôt sera définitivement enlevée à ses habitants : la compagnie d'électricité Carolina Power rachète peu à peu tous les terrains de la vallée pour construire une retenue d'eau, un immense lac qui va recouvrir les fermes et les champs. Ironie du sort : une sécheresse terrible règne cet été-là, maïs et tabac grillent sur pied dans les champs arides.
Le shérif Will Alexander est le seul à avoir fréquenté l'université, mais à quoi bon, quand il s'agit de retrouver un corps astucieusement dissimulé ? Car Holland Winchester a disparu. Il est mort, sa mère en est sûre, qui a entendu le coup de feu chez leur voisin. L'évidence et la conviction n'y font rien : pas de cadavre, pas de meurtre. Sur fond de pays voué à la disparition, une histoire de jalousie et de vengeance, très noire et intense, sous forme d'un récit à cinq voix : le shérif, le voisin, la voisine, le fils et l'adjoint.
Traduction : Isabelle Reinharez pour les éditions du Masque (26 août 2009)
Mon avis sur Polars Pourpres : Un récit aride, vénéneux et fiévreux. Le sol est sec, le sang est mêlé et les âmes brûlent. Un auteur à suivre.
Je ne vais pas être aussi enthousiaste que Didier mais j'ai passé un bon moment de lecture. Le premier sentiment que j'ai là, en tournant la dernière page, c'est de rester un peu sur ma faim. J'ai comme l'impression qu'il manque un petit je-ne-sais-quoi qui aurait pu en faire une merveilleuse pépite.
C'est la même impression que j'ai eu à la lecture du chapitre consacré au Shérif.
Mais en prenant un peu de recule, une histoire n'a pas forcément à se conclure de la manière la plus extravagante qu'il soit. Elle a juste à se conclure. Et c'est ce que fait Ron Rash. Du coup là, au moment où j'écris ce message, je repense au Colorado Kid du King.
À noter que les cinq récits ne répètent pas forcément cinq fois la même chose. Du point de vue temporel du déroulement de l'histoire, on va dire que ce sont surtout cinq maillons d'une chaine. Le maillon 2 empiète un peu sur l'histoire du 1, le 3 sur le 2, etc. Et chaque chapitre en donne un nouvel éclairage.
Et c'est là que l'on commence à voir les effets de cette histoire sur le lecteur. On s'imprègne doucement de ce venin qui a fait son chemin dans la vie des personnages.
L'intrigue prend véritablement son envole avec le second chapitre consacré à la femme, puis au voisin pour se conclure avec celui de l'enfant. La dernière partie avec l'adjoint me semble même superflue. Et puis au final, il me semble que le personnage du Shérif est l'âme de ce livre. À la fin, il est le seul à pouvoir comprendre ...
C'est une belle ballade dans l'Ouest américain, où Rash parvient simplement à nous faire ressentir l'aridité de la terre et le bruissement des cailloux sous les chaussures. Une histoire dont des images vous hantent encore après lecture.
Frédéric Fontès
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